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Dérive : Cliver, stigmatiser, surveiller et mettre massivement en prison. C Delarue

dimanche 17 septembre 2017, par Amitié entre les peuples

Dérive : Cliver, stigmatiser, surveiller et mettre massivement en prison. C Delarue

La justice pénale est plus dure, à lire cet article (1) mais cela ne date pas de l’Etat d’urgence, qui a sans doute, aggravé les choses. A lire un ouvrage sérieux et instruit (2) sur la dynamique en cours il y a 10 ans, le durcissement était bien engagé.

 Cliver les bons et les mauvais et stigmatiser ces derniers !

Serge Portelli dans la conclusion de son livre « Nicolas Sarkozy : une République sous surveillance » (2) évoquait « deux Frances », non pas nettement le 1% d’en haut et le peuple-classe, mais de façon plus floue une France qui gagne avec des gens « normaux » - laquelle est protégée de la police et la justice - et une France qui perd avec des exclus et des déviants (qui sont d’en-bas - on y revient toujours).

Sale temps pour cette « France qui perd » car non seulement elle subie la misère économique (chômage, précarité, bas revenus) mais en plus la répression sécuritaire et son cycle infernal stigmatisation, arrestations, prison. Ce n’est pas systématique mais il y a là une logique lourde .

On dirait aujourd’hui, à suivre Emmanuel Macron (qui pour le coup n’est pas un bon exemple) qu’il y a trop de « fainéants » ou même des « riens » (et autres dénominations peu glorieuses) contre ses projets anti-sociaux. Une personne qui se vide de toute vie sociale au point de ne plus rien construire, de n’apporter aucune « pierre » à l’édifice social est problème à résoudre pour tous ceux et celles qui - intégré-e-s socialement - sont en capacité de la relever, de la sortir de son néant, de son « rien ». Le stigmate ne construit rien car il rabaisse plus encore.

Dix ans après l’expérience Sarkozy (Ministre avant d’être Président de la République) et l’intermède Hollande, plus sobre, l’arrivée de M Macron ne semble ouvrir aucune perspective progressiste, bien au contraire à entendre la montée en « verbe haut ». Un ancien prof de science politique à Brest - M Baguenard - disait de mémoire « pourquoi les élites seraient-elles meilleures que le reste de la société ? » Première réponse : C’est que les gens ordinaires ont tendance à les imiter ! C’est donc un devoir pour elles que d’y tendre ! Seconde réponse : Comment voulez vous que les subalternes accomplissent leur mission avec vigilance envers eux et envers autrui si le sommet politique n’est pas lui aussi relativement exemplaire ? Pas parfait mais « droit » comme disait, la encore mon ancien prof de philosophie du droit à Rennes.

 Dérive de deux « césars » : De Sarkozy à Macron, le climat est malsain .

Il ne fait pas bon de se retrouver dans le camps des non-entrepreneurs, des non-performants, bref des perdants en tout genre. Cette « France qui perd » reste surveillée car elle semble faire trop de bêtises, trop de mauvais coups. Ou elle est supposée en faire. L’oisiveté mène à la délinquance petite et grande .

De la surveillance, on passe aux arrestations et in fine à la mise en prison. On appelle cela la « chaîne pénale » . N Sarkozy blâmait les magistrats qui cassaient la « chaîne pénale » en refusant la prison . Surtout pour les mineurs. Il n’y a pas que les adultes a s’y retrouver, il y a aussi les mineurs. Lire l’article « De plus en plus de mineurs sont emprisonnés en France » (1) Et c’est problématique.

L’Etat d’urgence est bien sûr une bonne aubaine pour ce tournant répressif qui cependant ne date pas de ces dernières années marquées par les attentats terroristes. La lecture du livre précédemment cité, écrit en 2007, « Nicolas Sarkozy : une République sous surveillance » montre que la dynamique mortifère est partie de la droite dure et de Nicolas Sarkozy tout particulièrement ;

Serge Portelli montre dans son livre toute la dynamique mortifère, répressive enclenchée par l’ancien Président de la République ou la « solution prison » est récurrente, facile et massive. Mais elle ne résout rien.

Les principaux titres de ce livre sont très évocateurs : La prison compulsive, La justice automatique, Mineurs délinquants, le début de la barbarie ? Simple, inefficace et dangereux : « tourner la page de la récidive », Le traitement chimique, c’est pas automatique, Le nouvel asile pénitentiaire, La chasse aux étrangers, L’instrumentalisation des victimes, Une société sous très haute surveillance, Police de garde à vue, La justice, maillon faible de la « chaine pénale » ?

Christian DELARUE

1) De plus en plus de mineurs sont emprisonnés en France
En un an, le nombre de mineurs incarcérés a progressé de 16,6 %. Une augmentation record depuis quinze ans. Le phénomène étonne jusqu’au ministère de la justice

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/12/de-plus-en-plus-de-mineurs-detenus-en-france_5184209_1653578.html

2) « Nicolas Sarkozy : une République sous surveillance » par Serge Portelli (Ed L’Harmattan - 2007 - 195 pages)