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Démocratie partout : La démocratisation entre émancipation et transformation sociale. C Delarue

samedi 13 novembre 2010, par Amitié entre les peuples

Démocratie partout :
La démocratisation entre émancipation et transformation sociale.

Prérequis : Démocratie et transformation sociale : Douze thèses pour la réflexion d’Attac

http://www.france.attac.org/spip.php?article9923

Si l’émancipation relève de pratiques de libérations individuelles et de groupes dans la société civile et la transformation sociale de pratiques de changement des institutions politiques alors la démocratisation est dans l’entre-deux. Elle est vecteur d’émancipation et l’émancipation participe de la transformation sociale ( pour peu que les citoyens aient une prise forte sur l’orientation des partis qui se réclament de la dite transformation sociale ). Sans transformation sociale pas d’émancipation véritable et aboutie. A regarder l’Amérique latine et le besoin de « révolution dans la révolution » (1) on est même en droit de dire que la transformation socialiste doit impérativement suivre la transformation sociale.

La démocratisation vise à étendre les possibilités d’intervention et de décision des citoyens. Mais il n’y a pas un seul chemin de démocratisation (2). Il n’y a pas non plus de champs démocratiques interdits. Il faut aller vers la démocratie partout (3).

 Démocratie partout !

Pour les altermondialistes, la démocratie conçue comme pouvoir d’intervention, de discussion et de décision (par vote ou autre moyen) ne doit plus dans la perspective d’un autre monde possible et nécessaire demeurer restreinte au champ politique. Elle doit s’ouvrir au champ économique sur deux niveaux.

La démocratie telle que nous la connaissons se réduit à la démocratie représentative. Il s’agit pour les citoyens d’élire périodiquement des élus. Cette démocratie-là est critiquée. Les critiques sont nombreuses. Certains proposent en conséquence de l’améliorer d’autres de la refonder.

 Améliorer mais aussi refonder.

Débordement : L’amélioration se fait à deux niveaux. L’un conserve le mécanisme délégataire mais en proposant de le déborder (terme de la thèse 5 d’attac) par des mesures (variables selon les réformateurs ) pour combler l’écart entre citoyens et élus. L’amélioration se fait aussi en parallèle par le développement de la démocratie participative au côté de la démocratie représentative.

La refondation démocratique reprend les propositions réformatrices du système démocratique actuel mais se propose en outre d’étendre le pouvoir démocratique dans le champ économique élargi sur trois plans , dans l’entreprise, d’une part, dans l’Etat d’autre part et enfin au coeur de la planification des choix de développement durable ou interfère aussi bien l’Etat que la société civile. C’est à mon sens plus offensif que l’intrusion (cf thèse 6 d’attac) qui fait plus timide.

 « Révolution dans la révolution » : une conquête élargie du pouvoir citoyen des travailleurs.

Thèse 7 d’ATTAC sur la dialectique du pouvoir d’ Etat et de la mobilisation sociale et citoyenne (les « urnes » et la « rue ») : La concrétisation, la traduction en décisions et en actes des perspectives présentées aux thèses V (débordement) et VI (intrusion et plus) exigent d’accéder au pouvoir. Toutefois,la visée de démocratisation ne saurait ni attendre la conquête du pouvoir d’Etat ni tout attendre d’elle comme nous l’enseignent les échecs et les drames des « expériences » de transformation sociale du XXe siècle.

Ce que l’on nomme champ économique élargi est aussi un champ politique élargi. L’intervention démocratique peut alors porter non seulement sur le choix de personnes (les élus) mais aussi sur des choix de développement, sur les grands choix de production et d’installation. (4)

Christian Delarue

1) La « révolution dans la révolution » est une terminologie ( issue du processus révolutionnaire de quelques pays d’ Amérique latine ) qui souligne plusieurs aspects importants pour parvenir au socialisme.
1- La rupture avec l’ordre ancien doit aboutir à une rupture avec le capitalisme comme mode de production et de distribution dominant.
2 - Les nationalisations doivent permettre le « contrôle ouvrier » autrement dit l’autogestion dans les entreprises. C’est un point important plus difficile à obtenir que l’autogestion dans les petites entreprises de production marchande.
3 - Il n’y a pas de socialisme véritable sans extension à une échelle plus vaste que la nation ou il a pris naissance ce qui implique à tout le moins sa continentalisation.
4 - La nature de l’Etat doit évoluer vers un Etat prolétarien puis vers son dépérissement. Ce dépérissement n’est guère pensable sans mondialisation du socialisme. Un Etat prolétarien n’est guère concevable sans continentalisation du socialisme.

2) Les repères pour les chemins de la démocratisation se lisent dans ces deux contributions :

La « démocratie modeste » d’acceptation de l’ordre existant

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article39

Les cercles de l’émancipation par la démocratisation C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article690

3) La « démocratie partout » se nomme tantôt « démocratie globale » (M Lassèrre) ou « alterdémocratie globale » (C Delarue) ou même « démocratie socialiste ». cf. Démocratie politique, démocratie économique, démocratie globale. Michel Lasserre

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article235

4) Par exemple quel choix démocratique de réseaux de transport public articulant trains et cars dans telle région et même telle nation ? Les experts privés et les techniciens publics n’ont pas disparus mais ils doivent participer à l’information plurielle et au débat avec les citoyens. Ce débat est encadré juridiquement de façon nouvelle. Des règles doivent permettre de construire l’égalité et la transparence dans le débat. Les élus ne sont plus ici coincés entre deux contraintes le devoir de décider et le devoir de démocratiser qui débouche, on le sait, sur une reprise en main au nom de leur titre d’élu. Globalement cela suppose une société disposant d’un temps libre important, un niveau d’instruction élevé, une ouverture au monde entretenu par des médias eux même démocratisés.