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Démocratie inclusive et marxisme culturel

lundi 5 juillet 2021, par Amitié entre les peuples

Démocratie inclusive et marxisme culturel

La démocratie dite inclusive vise l’ inclusion de tous et toutes, y compris les hommes et femmes les plus opprimées notamment au sein des quartiers populaires multiculturels dans les processus de démocratisation par en-bas (démocratie empowerment) . La seule exclusion - variable - concerne les intégristes religieux imposant l’hypertextile, la sexyphobie et le sexoséparatisme .

On évoque parfois des « marxistes culturels » ou même des « trotskistes culturels », ces derniers ne seraient plus trotskistes mais conserveraient un langage et des réflexes théorico-pratiques - une praxis - de type révolutionnaire contre les dominations de classe.

Bourdieu est-il marxiste culturel ? La Théorie de Francfort est-elle à mettre dans les poubelles de l’Histoire sous ce titre par les conservateurs en politiques ? Qui sont les « marxistes culturels » de facture altermondialiste ?

Le texte ici cité (1) donne 5 idées qui se complètent dans une critique proche du dénigrement du « marxisme culturel » :

I ) Les deux premières sont très liées : De nouveaux sujets collectifs pour changer le monde.

 Première idée : "Les Marxistes d’hier ont beaucoup de difficultés à trouver aujourd’hui des « prolétaires » pour soutenir leurs visées révolutionnaires » , ils ont donc besoin d’un substitut de sujet révolutionnaire.

On citera les habitants des quartiers populaires ou les sans-papiers (plus les sans-logis et les sans-travail). Et fatalement si l’on trouve un « sujet collectif large » on trouvera des dominés peu recommandables. Exemple, la présence d’islamistes ou d’intégristes religieux divers. Ils sont alors la cible de l’extrême-droite mais par amalgame avec d’autres croyants plus tolérants. La gauche peut aussi critiquer les intégrismes religieux mais sans amalgame et au titre de l’émancipation.

 Seconde idée : « la solution : pour récupérer le soutien populaire, les Marxistes doivent étendre la défense des « prolétaires » aux « nouveaux prolétaires » que sont désormais les femmes à protéger contres les « hommes machistes » ; les étrangers contre les « nationaux racistes » ; les homosexuels contre les « homophobes » ; les humanistes contre les « Chrétiens » ; les délinquants contre la « police violente et agressive » .

Et oui ! Mais pour une certaine extrême-droite (et au-delà d’elle) le monde du travail salarié est réduit aux hommes et surtout aux nationaux. Et hors champs de l’emploi il n’y aurait pas des oppressions à combattre ! On tue encore des homosexuels ! Faudrait-il normaliser ces pratiques barbares ?

II ) Les trois suivantes sont aussi très liées : Une critique multiple.

 Troisième idée sur le « comment procéder ?  » : « pour y arriver, les Marxistes culturels doivent accuser leurs ennemis de racisme, d’antisémitisme, d’homophobie, de fascisme, de nazisme, de conservatisme »

Eh oui ! Pas de perspective d’émancipation sans théorie critique et résistance aux oppressions et dominations diverses !

 Quatrième idée : « avec quel outil ? » : « l’idéologie du « politiquement correct » qui réduit le champ de la liberté d’expression, exclut la mention de certains thèmes dans le débat public et partant empêche toute critique du Marxisme culturel »

Les plaisanteries dominantes le sont très souvent contre les dominé.e.s (femmes, homosexuels, migrants, personnes de couleurs, etc) pas contre les puissants. Il manque une praxis culturelle de respect et de bienveillance ! Elle s’entretient par une sorte de rectitude dite « politiquement correcte »
De plus, la droite et l’extrême-droite est complaisante face au 1% qui mène les politiques d’austérité, les politiques de déclassement social, de casse des services publics ! Ne fait-elle pas du « politiquement correct » là ou il faudrait plus de courage politique ?

Zemmour et sa « pensée » réactionnaire passe à la TV plus qu’Aurélie Trouvé, Eric Toussaint, etc. On a droit à cette pollution intellectuelle de masse qui suscite évidemment la critique. Il est sain qu’il y ait critique. Idem pour les Soral et Dieudonné !

 Cinquième idée : « pourquoi agir de la sorte ? » : « l’objectif des Marxistes culturels est de discréditer la nation, la patrie, les hiérarchies, l’autorité, la famille, le christianisme, les valeurs, l’ordre et la morale pour favoriser l’émergence d’une « nation mondiale ultra-égalitaire et multiculturelle sans âme ni racine »

Les entités englobantes mélangent les dominants et dominés. Il n’y a donc pas à fétichiser ces entités : il y a un biais culturaliste à tout mettre en « communauté » englobante pour montrer et cacher : montrer un ennemi extérieur et cacher un ennemi intérieur.

XX

Critique

Beaucoup de fantasmes cette double description qui pourrait être destinée à la simple défense de la civilisation blanche et chrétienne dominante en Europe et au Nord.

Tout d’abord il ne s’agit pas nécessairement de « marxistes ». Le terme est employé à la légère à des fins de stigmatisation. Peut-être s’agit-il de chercheurs ayant été marxiste orthodoxe et qui sont devenus des néo-marxistes ou qui ont conservé des réflexes « culturels » issus du marxisme de jeunesse. Ce qui reste une fois qu’on a oublier les textes de Marx !

Le « marxisme culturel » - on devrait mettre le pluriel « les marxismes culturels » - serait une méthode d’analyse matérialiste qui, en plus des champs de l’économique, du sociologique et du politique, prendrait plus particulièrement comme objet d’étude et de recherche l’ensemble des modes de vie, l’ensemble des cultures et ce sans ethno-centrisme. Mais pas nécessairement en accusation de la civilisation européenne pour peu qu’elle ne se voit pas vue comme supérieure . Bref l’anthropologie comme champs de recherche.

Les marxistes culturels sont : Georg Lukacs, Antonio Gramsci, Wilhelm Reich, Erich Fromm, Herbert Marcuse, Theodor Adorno et Max Horkheimer.

XX

Citons un homme exemplaire : Erich FROMM .

Il s’est appuyé sur le premier Marx (en délaissant le capital) puis sur Freud et sur l’histoire culturelle surtout chrétienne et juive, fort peu musulmane. Il a été critique de la marchandisation du monde et de sa technologisation (comme Marcuse sur ce point). Il n’a pas mis le petit doigt dans une moindre théorisation du « choc des civilisations » (qui ne viendra que plus tard, bien après sa mort).

Psychanaliste et philosophe, il a pensé que l’humain était un être de contradiction et que de ce fait, il avait des facilités pour la régression infantile, vers le morbide, l’inhumain, vers Thanatos et des difficultés pour s’en dégager pour aller vers Eros, pour construire la vie, la joie et le plein épanouissement de la vie, le respect, la bienveillance, la dignité, et collectivement le bien-être pour tous et toutes, y compris les plus dominé.es et opprimé.es.

Contre les hiérarchies et les inégalités qui forgent les soumissions, il importe de travailler aux émancipations des chaînes qui entravent les humains. Le combat pour les émancipations sont tout à la fois d’ordre individuel et collectif.

Christian DELARUE

Anders Breivik et le « marxisme culturel » : Etats-Unis/Europe
https://journals.openedition.org/amnis/2004#tocto1n1