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Déclin de trois qualités de l’Etat et montée du contre-pouvoir syndical - Christian DELARUE

dimanche 7 février 2021, par Amitié entre les peuples

Déclin de trois qualités de l’Etat et montée du contre-pouvoir syndical

Commençons par cette émergence d’un syndicalisme de contre-pouvoir en décembre 2019 et janvier 2020 avant de voir ce qui monte en face de lui sous les traits d’une ploutocratie cachée .

I - Contre-pouvoir syndical

Le pouvoir syndical est un contre-pouvoir qui s’affirme et prend plus de place, notamment via une intersyndicale mais aussi et surtout des grèves et des manifestations, lorsqu’un vide démocratique apparait et plus largement lorsque l’Etat perd ses qualités (trois ici) avec moins de Droit pour le peuple, moins de Social, moins de Démocratie. Avec, en face, une montée concomitante d’une autorité ploutocratique affichant sa proximité avec la haute finance et les fonds de pension.

Le syndicalisme de masse du monde du travail apparait aussi comme étant de classe contre le 1% et comme jouant rôle fédérateur du peuple-classe et constituant aussi une contre-hégémonie par défense d’une société solidaire avec des dispositifs de solidarité ( 1) contre une société sous clivage du concurrentialisme. Ce n’est pas les gauches qui jouent aujourd’hui ce rôle (comme j’ai pu le proposer).

II - Une triple baisse de la « qualité » de l’Etat français

Outre le mépris des dispositifs de solidarité (de type retraite par répartition contre capitalisation) qui constituent les fondations de la nécessaire cohésion sociale et nationale de ce pays, il y a - dangereusement - une triple baisse de la « qualité » de l’Etat français sous Macron et ce pour ne rien dire ici de l’Etat soucieux d’écologie (on y viendra ) . Il y a :

1 - baisse de l’Etat DE DROIT,
2 - baisse de l’Etat SOCIAL et
3 - baisse de l’Etat DEMOCRATIQUE sous plusieurs aspects : débats démocratiques absents (au Parlement là ou la démocratie de « délégation » est jugée - c’est dire ), libertés démocratiques (très graves violences policières, dégénérescence du monopole de la violence légitime (MVL), qui n’est plus « tenu » par le Droit et la Justice).

 Etat de Droit pour tous et toutes : La police perçue comme danger

Les violences policières en France depuis plusieurs mois ont entrainé des dommages irréversibles qu’on ne saurait admettre. Notamment celles menées à plusieurs policiers contre des innocents ou contre une personne isolée totalement livrée à l’agression policière. Mais d’autres que moi ont critiqué cette répression (2). On a peut-être moins noté que c’est toute une conception de l’Etat de Droit (3) qui se trouvait fragilisée, rabaissée . Et que cela n’est pas sans effet de dégénérescence élargie.

En France vous êtes de droite ou de gauche pro-bloc bourgeois et vous n’avez pas trop de souci à vous faire, pour peu du moins que çà se voit. En effet, il ne faut pas se trouver fortuitement au mauvais endroit si vous rencontrez une manifestation près de chez vous. Mais si vous êtes de gauche ou syndicaliste, ou gréviste, ou manifestant ou gilet jaune ou jeune, alors plus rien n’est certain désormais quand aux pratiques policières. En l’espace de trois ans le niveau de garantie de l’Etat de droit a reculé fortement. La logique du mauvais faciès s’est étendue !

Si l’on doit évoquer un processus de fascisation ou du moins de dégénérescence autoritaire de type « démocrature », nul doute que la police - une fraction d’elle en tout cas - est un élément de cette dégénérescence.

 Démocratie « délégative » : Un Parlement sous tutelle ?

Si on y ajoute la faible qualité de la démocratie elle aussi en régression du fait de l’adoption de procédures d’évitement du débat démocratique, il ne reste aujourd’hui que le contre-pouvoir syndical. Mais, sauf pan-syndicalisme, il ne saurait tout faire !

Pourtant en cette fin janvier, Il ne semble rester aujourd’hui, face à Macron et au pouvoir de la haute finance, que le contre-pouvoir syndical porté par l’intersyndicale (celle du retrait du projet de retraite à points et la capitalisation derrière)

Les gauches parlementaires se rencontrent mardi 28/1. C’est bien. On va surveiller mais on n’abandonne pas le combat ! Mercredi 29 : grève et manifestation !

 Baisse de l’Etat Social :

L’Etat Social est avec l’Etat fiscal redistributif (luttant contre les inégalités sociales) un élément fondamental de cohésion de la nation qui est en voie de destruction sous trois processus venant du néolibéralisme et de son concurrentialisme : privatisation, marchandisation et financiarisation : cf Le peuple-classe de France tient à l’Etat social. Christian DELARUE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-peuple-classe-de-France-tient-a-l-Etat-social

Christian DELARUE

1) Retraite à points : Syndicalisme contre bloc bourgeois.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Retraite-a-points-Syndicalisme-contre-bloc-bourgeois

2) Eborgnements, tabassages, humiliations : les syndicats de police imposent l’omerta
https://www.mediapart.fr/journal/france/110519/eborgnements-tabassages-humiliations-les-syndicats-de-police-imposent-l-omerta

3) Note Christian Delarue sur « L’Etat de droit » (PUF 1987) | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/270214/note-christian-delarue-sur-l-etat-de-droit-puf-1987

Dans un article de décembre 2004 « Embedded and Defective democracies », Aurel Croissant et Wolfgang Merkel définissaient quatre types de démocratie « en défaut » : 1 - la démocratie « excluante » (d’une une fraction du peuple reste hors jeu), 2 - la démocratie « non libérale » (avec des pratiques autoritaires de gouvernement), 3 - la démocratie « tutélaire » (pouvoir constant au-dessus du peuple), 4 - la démocratie « délégative » (où les électeurs s’en remettent en tout au gouverné qu’ils ont choisi).