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De la médecine libérale à la médecine de fonctionnaire . C Delarue

mardi 5 octobre 2010, par Amitié entre les peuples

De la médecine libérale à la médecine de fonctionnaire

Outre la distinction fondamentale public-privé il y a la distinction secondaire entre médecins indépendants et personnels salariés qui est moins perçue alors qu’elle pose de nombreux problèmes.

1 Questions d’organisation

L’exercice de la médecine en libéral dans les cliniques privées pose des problèmes important d’organisation, du fait de l’individualisme extrême et du manque de discipline de ces médecins. Ce n’est pas le comportement de quelques uns mais celui de quasiment l’ensemble d’entre eux . Ils sont tous « patron » et on ne peut rien leur demander . Ils entendent travailler et ne pas travailler comme ils veulent sans s’occuper d’une nécessaire présence en été ou les week-end.

Quand ils sont là les infirmièr(e)s doivent tout faire et tout préparer pour que ces messieurs ou dames n’aient plus qu’à « ouvrir » et opérer. Les infirmièr(e)s doivent assumer des responsabilités importantes qui nécessitent formation continue, contrôle serré des procédures, flexibilité de présence au travail les jours ordinairement non travaillés et pas que pour les urgences. Il y a des secteurs ou le travail est moins stressant (la nuit) mais dans l’ensemble le travail d’infirmière est pénible et de haute responsabilité, le tout pour des salaires modiques très éloignés des revenus très élevés des médecins spécialisés en clinique. En plus la RTT n’a pas été suffisante pour s’adapter au fait de la présence sur 24 h (1).

2 Question de sursalaires et de pouvoir des médecins.

 Posons d’abord une situation extrême que les études ne rapprochent pas mais que la vie courante rapproche dans les hôpitaux publics et surtout les cliniques privées

Les infirmièr(e)s dont on reconnait verbalement l’importance de leur travail pèsent assez peu sur les décideurs malgré une activité revendicative certaine afin d’améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires. Par contre le pouvoir des médecins sur les élus est certain. Cela explique les gains perçus, du moins pour partie.

Les médecins spécialisés en clinique engagent il est vrai des frais d’investissement très couteux faisant suite à des études longues pour un métier à la « pénibilité » psychologique réelle . C’est que la santé, la vie, la mort, au quotidien représente tout ce que le reste de la société veut occulter symboliquement. Pour cette contribution, il fallait le rappeler . De fait, cela ne doit pas être oublié. Il n’en demeure pas moins qu’ils perçoivent aussi des sommes beaucoup trop élevées qui vont - excusez du peu - de 15000 à 40000 euros par mois !

De plus, 5.000 praticiens spécialisés exercent aussi une activité libérale (environ 20% des effectifs) dans les hôpitaux publics . Ils doivent alors payer une redevance aux hôpitaux qui est régulièrement contestée. Ce sont donc ceux qui gagnent le plus de revenus qui veulent ne pas payer les frais d’organisation qui permettent l’exercice de leur travail.

 Posons ensuite la question des revenus entre les trois grandes catégories de médecins.

On s’en tiendra à ces trois grandes catégories mais il existe des distinctions plus détaillées.

* Un médecin spécialisé travaillant en clinique arrive aisément à doubler voire tripler (et même plus) le revenu mensuel de son collègue médecin de famille uniquement en cabinet de ville. Ils ne font certes pas le même travail. Cela a été dit.

* Un médecin généraliste de ville, qui aligne 10 consultations à l’heure et qui travaille 8h par jour recevra dans les 32000€/mois de ses consultations (consultation à 20€) . Après les taxes, il reste à ce médecin de famille qu’un quart de tout ça : 8000€ euros par mois. Ce peut être que 7000 euros par mois.

* Un médecin de campagne gagne lui environ la moitié soit autour 4000 euros du fait de ses déplacements en campagne. Une bonne paye certes, une paye de cadre tout à la fois suffisante et largement méritée. Mais au plan de la justice comparée soit il gagne pas assez soit les autres gagnent de trop !

 Pour aller plus loin changeons de logique !

Les frais d’investissement très couteux devraient être public et les médecins déjà partiellement payés par la Sécurité sociale devraient être des fonctionnaires payés avec un traitement de cadre fonctionnaire.
Cadre fonctionnaire ce n’est pas comme certains hauts fonctionnaires européens ni comme les hauts fonctionnaires français pantouflard qui font honte à la République par leur cupidité. C’est un revenu calé sur un système de carrière permettant de doubler le salaire initial qui démarrerait à 2500 euros net perçu par mois pour les jeunes généralistes ou 3000 euros pour les jeunes médecins spécialisés .

Le système du doublement du premier salaire aboutirait à une fin de carrière à 5000 ou 6000 euros selon la qualification. Cela devrait largement suffire. Il faut ici rappeler que très peu de monde en France gagnent plus de 4000 euros net par mois. En clair, à partir de cette somme nous entrons dans le pied de la coupe de champagne renversée. Les médecins cliniciens ne pourraient pas changer de Porsche tous les six mois mais vivraient néanmoins dans un confort très supérieur à l’immense majorité de la population.

Christian Delarue

1) Quelle offre de soins et quelle RTT dans la santé ?

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1263