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DETTE PUBLIQUE : Quelle similitude entre « Nord » et « Sud » ? D Millet E Toussaint

dimanche 29 août 2010, par Amitié entre les peuples

CADTM - Peut-on comparer la dette publique des Pays dits « en développement » et la dette publique au Nord ?

par Damien MILLET et Eric TOUSSAINT du CADTM

Bien qu’il y ait une énorme différence dans les montants, il y a une première similitude au niveau de l’évolution dans le temps. La dette publique des PED et la dette publique au Nord ont explosé toutes deux au cours des années 1970. Au Nord, la récession généralisée des années 1973-1975 a obligé les pouvoirs publics à s’endetter pour relancer l’activité économique : création d’emplois publics, projets portés par l’État (par exemple, TGV, Ariane ou Airbus en France), politique de grands travaux industriels ou militaires. Les États et les collectivités locales ont donc été également pris au piège par la hausse des taux d’intérêt au tournant des années 1980. Leur dette publique a crû très vite puisqu’ils ont dû contracter de nouveaux emprunts pour rembourser, comme au Sud. C’était là aussi l’effet boule de neige.

A partir de la crise internationale qui a éclaté au Nord en 2007, la dette publique des pays les plus industrialisés, qui s’était maintenue jusque là à un niveau élevé notamment en raison des réformes fiscales favorables aux plus riches, a de nouveau explosé suite à l’effet conjugué des plans de sauvetage des banques et à la baisse des recettes fiscales due à la récession économique de 2008-2009. C’est ainsi que pour l’Union européenne, la dette publique est passée de 7 300 à 8 700 milliards d’euros entre 2007 et 2009. Un nouvel effet boule de neige risque bel et bien d’avoir lieu.

La deuxième similitude concerne les détenteurs de ces créances et les flux financiers qu’ils imposent. La part de la dette publique au Nord détenue par les citoyens à revenus modestes est très marginale. Lors de l’émission des emprunts au Nord via des obligations du Trésor, les grandes institutions financières privées (banques, compagnies d’assurances, mutual funds, fonds de pension, hedge funds) en raflent en quelques jours la quasi-totalité. Là aussi, ce sont elles et des particuliers très aisés qui détiennent les principales créances de la dette publique au Nord. La différence majeure avec les PED réside dans le fait que leur dette extérieure impose aux PED d’obtenir des devises fortes pour les remboursements, entraînant des exportations à tout va.

Du côté des débiteurs maintenant, l’État rembourse en prélevant les sommes nécessaires sur les recettes d’impôts. Or les revenus du travail sont taxés plus fortement que les revenus du capital. En outre, la part des impôts indirects tend à augmenter, comme la TVA, alors qu’en termes relatifs, elle est plus coûteuse pour les classes populaires et moyennes. Ainsi, l’État rembourse essentiellement les riches institutions privées avec l’argent prélevé lourdement sur les gens à revenus modestes : il s’agit là aussi d’un transfert des populations (dans ce cas, celles du Nord) vers les détenteurs de capitaux.

Il existe donc une solidarité objective profonde entre les victimes de la dette publique des PED et celles de la dette publique du Nord.

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http://www.cadtm.org/Peut-on-comparer-la-dette-publique