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DETTE : Les cercles de l’oligarchie autour des grands créanciers. C Delarue

lundi 22 août 2011, par Amitié entre les peuples

DETTE : Les cercles de l’oligarchie autour des grands créanciers.

La première question était : Que peux-t-on faire contre l’oligarchie ? C’est ensuite que la question de la dette est apparue avec les « fauteurs d’austérité ».

L’oligarchie actuelle met en lien voire en collusion les « politiques » et les dirigeants du monde de la finance, des banques et des assurances. Les « politiques », ce sont ici les « grands élus » de la République, les parlementaires ainsi que les gouvernants, les ministres, Premier ministre et Président de la République. Il faut y ajouter la haute administration, surtout celle qui a pratiqué le pantouflage. Vient ensuite un nouveau cercle économique de dirigeants de grandes entreprises de production ou de distribution . L’oligarchie contemporaine est une ploutocratie à dominante politico-financière.

1 - La pente oligarchique n’est pas une fatalité !

La question « que peut-on faire ? » n’est pas évidente. Elle vient du fait que si le terme « oligarchie » est désormais fréquent, il semble s’accompagner d’un certain fatalisme dans la mesure où, dit-on « toute société est inévitablement une oligarchie ». Ce fatalisme historique s’ajoute à l’impuissance déjà crée par les élites à l’égard des peuples (1) face à la globalisation financière. Il faudrait tout accepter. Perdre l’idée même de justice sociale. n’y aurait pas d’autre voie. Thère is no alternative - TINA - disait Margaret Thatcher. La crise du sens et la crise du politique débouche alors sur un rabaissement de l’humanisme et une nouvelle montée de l’obscurantisme et du fascisme (2).

2 - Deux critiques différentes de l’élite.

A propos d’oligarchie, un premier obstacle théorique et programmatique est donc à réduire. On sait que les élections n’ont jamais empêché la constitution d’oligarchies. Néanmoins, il est parfaitement concevable de penser qu’un petit nombre peut commander - définition du mot oligarchie - du fait de ses compétences particulières sans cependant posséder de grands privilèges matériels et symboliques. Le fascisme et le populisme de droite critiquent les élites mais se satisfont des privilèges créés par le néolibéralisme. Le populisme de gauche critique les élites non pour l’exercice en soi d’une compétence mais pour l’usage qui en est fait : se servir soit même au lieu de servir le peuple. Il y aurait bien un élitisme mais pas vraiment une méritocratie. En tant que républicains nous serions en droit d’exiger l’adoption de mécanismes démocratiques visant à bloquer la dérive ploutocratique renforcé par la finance.

3 - « Economie de la dette » : les riches plus riches !

L’autre obstacle théorique et programmatique tient peut-être dans une perception fausse d’une oligarchie déconnectée de la dynamique du capitalisme contemporain et tout particulièrement de la problématique de la dette. Or cette dernière est instrumentalisée par les créanciers pour inciter les peuples-classe « à ne pas vivre au-dessus de ses moyens » et à ne surtout pas exiger une refondation de la fiscalité et du système bancaire.

La forte montée de la dette publique est liée au mouvement de libéralisation financière qui prend date en France en 1986 avec les lois Bérégovoy. François Chesnais le fait remonter lui au début des années 80 avec les nationalisations effectuées avec indemnisation des grands possédants (3). Le tableau de la dette de l’Agence France Trésor (qu’il publie) montre effectivement un net décrochage au début des années 80 puis une nouvelle montée en 1991. Le service des intérêts devient la seconde dépense de l’Etat après l’Education nationale (hors université). Cette dette est détenue par les banques, les sociétés d’assurance et les Hedge Funds.

L’aspect politique découle du fait que le recours à l’emprunt entraîne une diminution de la fiscalité sur les riches. Le taux d’imposition de la tranche des revenus la plus élevée baisse. Il est de 60 à 75% en 1986 et il passe à environ 40 % en 2007. La causalité n’est pas économique ou technique mais politique. Il s’agit simplement de ne pas taxer ceux à qui on emprunte. Et ce alors que le service des intérêts opère un transfert de richesse au bénéfice des détenteurs de titres de la dette.
Il est patent que tous les gouvernements de droite comme de gauche ont protégé les grandes fortunes (4). La droite le fait sans doute plus massivement que la gauche. Et Nicolas Sarkozy le fera ouvertement en devenant le Président des riches.

A ce propos n’oublions pas que le sous-titre du fameux livre des Pinçon-Charlot est « Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy ». Il faut voir la domination oligarchique au-delà du Président lui-même et même au-delà de ce président-là bien qu’il fut et demeure particulièrement offensif contre le peuple-classe français (à l’exception de la couche moyenne supérieure relativement protégée) pour consolider en pleine période de crise la richesse des riches et la puissance de classe de la bourgeoisie.

4 - Alternative sociale et républicaine !

De ce bref parcours, on discerne en filigrane les éléments d’une alternative : travailler à une déclaration massive et démocratique de l’illégitimité de la dette (qui profite aux riches et pas à l’intérêt de tous), dénoncer une fiscalité de classe pour proposer sa refondation, refonder le système bancaire et le démocratiser.

En République la dérive d’une élite trop privilégiée doit être combattue. Elle doit être contrôlée démocratiquement et ne pas percevoir des revenus de riches.

Les élus et les membres du gouvernement sont beaucoup trop rémunérés. Ils gagnent certes moins que les grands patrons mais ce n’est pas eux qui doivent servir d’étalon . D’autant que ces grands patrons devraient eux aussi baisser leur niveau de fortune.
Les politiques ne devraient pas percevoir plus que le maximum légal des parlementaires qui est déjà de 9.730 euros. Quand même ! Les membres du gouvernements et nombre de grands élus perçoivent bien plus que cela. Une telle somme les place tout près du sommet des revenus mensuels, et bien au-dessus du salaire moyen des cadres qui était de 5500 euros brut par mois et 4.083 euros nets par mois (hors participation et intéressement) en 2008.

L’administration doit rester darwinienne c’est à dire inclusive donc sans possibilité de licenciement et fondée sur la reconnaissance des qualifications. Le système républicain de la qualification exclut en principe un envol nuisible des rémunérations du haut de l’échelle des qualifications. Elle ne doit pas copier le privé qui cède de façon toute spencérienne à l’élimination des faibles et au concurrentialisme. Bien au contraire ce sont la précarité et les bas salaires du privé qui doivent être combattus.

Christian DELARUE

Contribution pour la commission mondialisation du MRAP

Aout 2011

notes :

1) Défis et désastres 08/2011 de Transform ! Le registre de l’impuissance organisée et développé.

2) Une nouvelle nuit du 4 aout contre la finance et le fascisme qui vient ! C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1797

3) Les dettes illégitimes. Quand les banques font main basse sur les politiques publiques. François Chesnais
Raisons d’agir.

4) Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France
Outre le lien un pdf de cet article de Laurent Mauduit est sur le web.

http://www.mediapart.fr/journal/france/210710/ces-dix-annees-de-cadeaux-fiscaux-qui-ont-ruine-la-france

http://www.journaldunet.com/management/repere/salaires_france.shtml