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Culture : vers la démocratie interculturelle dans un Etat laïque assumé. Christian Delarue

dimanche 3 janvier 2021, par Amitié entre les peuples

Culture : vers la démocratie interculturelle dans un Etat laïque assumé.

Contre deux maux en opposition, avec d’une part les forces fascistes de type identitaire nationaliste en France mais aussi au sein d’autres formations sociales en Europe et d’autre part la montée des intégrismes musulmans en France et dans le monde, il faut rappeler d’une part le refus d’un Etat autoritaire et raciste anti-arabe et antisémite ainsi que d’autre part le refus de l’intégrisme musulman comme de tous les intégrismes religieux et culturels. Il faut être vigilant sur tous les fronts .

Il n’y a pas de « problème musulman » qui stigmatise sans distinction les musulmans mais il y a un problème des intégrismes dont celui musulman, ce qui est bien différent. Il s’agit d’une position non campiste sur laquelle se greffe une démocratie interculturelle dans un Etat laïque assumé. La question n’est pas nouvelle mais elle n’est guère fréquent non plus, loin de là.

La France est une République laïque - on le sait - mais elle est aussi factuellement multiculturelle car elle est une ex-puissance coloniale ayant disposé d’un empire conséquent jadis . Des français-colons sont allés jadis dans les colonies (Afrique et Asie pour l’essentiel) et des étrangers colonisés sont ensuite venus en métropole à divers moment de l’histoire (pendant la colonisation et pendant la décolonisation et après les indépendances) et se sont installés définitivement. Un mélange relatif des cultures en est issu tout autant d’ailleurs qu’un racisme post-colonial qui perdure, de moins en moins sans doute avec les décennies mais qui perdure néanmoins avec des points de fixation notamment dans le sud de la France (cf aux stèles du colonialisme).

La France a aussi conservé des territoires et des départements d’outre-mer (TOM et DOM) qui quoique français et avec toute la force assimilationniste qui lui est liée disposent néanmoins d’une culture dominante spécifique, particulière qui résiste à l’intégration pour former un mélange culturel. On remarque la même chose dans certaines régions de France à propos du maintien des langues historiques locales.

Plus récemment certes mais depuis plusieurs décennies quand même, la sub-culture « people », issue de la mondialisation, diffusée par les médias à l’attention des jeunes et des adultes, est largement standardisée et homogénéisante. Malgré tout, là encore, les sub-cultures locales résistent. On trouve donc, là encore, des mélanges étonnants qui forment la culture dominante locale.

Au problèmes culturels s’ajoutent ceux économiques et sociaux dans « les quartiers délaissés de la République » (JM Delarue 1991) qui subissent un fort taux de chômage (à deux chiffres) ainsi que les enjeux liés à l’émergence des intégrismes religieux et culturels, notamment face au renouveau des dispositifs de laïcité, de type loi du 15 mars 2004 contre les signes ostensibles de religion, conçus pour y répondre par des interdits circonscrits, afin de préserver un cadre libéral, non totalitaire.

La démocratie interculturelle ne peut passer par la reconnaissance de peuples ethniques ou ethno-culturels puisque le Conseil Constitutionnel a interdit cela jadis à propos du peuple corse. Mais elle peut passer par la reconnaissance des expressions culturelles associatives dans un cadre multiculturel facilité par les communes, comme cela se fait depuis fort longtemps dans de nombreuses grandes villes. A Rennes, par exemple, le MRAP y participe régulièrement avec une table de presse qui fait la promotion du vivre ensemble dans la diversité mais aussi dans l’égalité et la laïcité .

Christian Delarue