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Critique du Nous. Christian DELARUE

lundi 5 août 2019, par Amitié entre les peuples

Critique du Nous.

Il y a déjà eu des recherches sur l’usage du « Nous » (1) Elles ne sont certes pas épuisées. Il importe d’aller plus loin. Il ne s’agit évidemment pas de bannir son usage.

 Première question : Nous mais lequel. Car il y a plusieurs « nous » ! Il y en a autant que de communautés, que que de groupes humains de toute taille.

 Seconde question : Un « nous » tous sans « eux » est-il possible ? Oui si l’on pense l’humanité, l’ensemble des humains. Mais le « eux » n’est-il pas alors devenu les animaux non humains ?

N’y a-t-il pas alors encore et toujours une catégorie d’êtres vivants conçus comme inférieurs ou le pire des cruautés est alors légitime. Comme à chaque fois. La souffrance animale est d’un niveau extrême de nos jours . La question est donc d’importance. On ne saurait l’éviter d’un revers de main. Comme à chaque fois que l’on s’accommode d‘une domination, d’une oppression. Il ne s’agit pas ici de donner une réponse mais de critiquer un faux « nous ».

 Après l’extérieur voyons l’intérieur du « nous » des humains de l’humanité . Comme dans toute entité englobante il y a lieu de voir en interne ce qui divise.

Ce « nous » des humains n’est-il pas une sorte de communautarisme par nature hypocrite car masquant comme tout communautarisme des inégalités internes, ignorant des rapports divers de pouvoirs et de dominations ? Autrement dit, n’y a-t-il pas au niveau mondial un « eux » - surplombant le reste de l’humanité ? N’y a-t-il pas une Caste ou une oligarchie ou une hyper-classe (les noms disponibles sont ici variables pour cet en-haut mondial) qui impose ses vues et ses pratiques économiques, politiques et policières ou militaires à l’humanité-classe, disons les 99% d’en-bas. Les 99% sont désormais, depuis plusieurs années, le chiffre et le symbole tout à la fois du clivage (le rapport de domination) et d’une large fraction de la population subissant la domination.

 Autre question : Au plan national comme continental (Europe), ne retrouve-t-on pas ce communautarisme du « nous » sous divers noms que ce soit nation au sens ethnique ou au sens de communauté politique des citoyens - avec les même défauts, à savoir l’effacement du pouvoir d’en-haut, le silence sur la domination de la classe dominante, autrement dit le classisme. On retrouve alors le clivage 1% contre le peuple-classe dite aussi classe populaire par Jacques Bidet.

Cet effacement a-critique du clivage ne vient pas que de la droite ou du centre-gauche puisque des communistes prenant le prisme théorique de l’impérialisme en viennent aussi à ignorer le clivage 1% classe dominante contre peuple-classe pour poser celui de nations entières contre les Etats-Unis. Il y a du « nord » au « sud » et du « sud » au « nord » est une expression

Les dominations et oppressions autres, comme le sexisme, l’homophobie, le racisme, etc ne viennent pas supprimer le classisme (position droitière) car ces dominations et oppressions viennent s’ajouter au classisme, à la domination de chaque classe dominante nationale contre son peuple-classe. Ainsi le « nous » d’Edwy Plenel n’est-il pas compatible avec un nous du capitalisme national ?
Il s’agit pourtant d’un « nous » de qualité puisqu’il évoque : « Le « nous » de l’égalité, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, d’appartenance ou de croyance. » Un nous antiraciste et antisexiste mais quid de la domination de classe du 1%.
cf Dire nous. Contre les peurs et les haines, nos causes communes. - France Culture
https://www.franceculture.fr/oeuvre/dire-nous-contre-les-peurs-et-les-haines-nos-causes-communes

Le classisme comme domination de classe ne se réduit pas à de la pauvrophobie - comme on l’entend souvent - qui est la haine, le mépris et le rejet des pauvres (Ils sont repoussés hors du centre-ville par des matériaux anti-sdf).

Christian DELARUE

Critique n° 841-842 : Nous
http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Critique_n°_841_842___Nous-3234-1-1-0-1.html