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Critique de l’Observatoire de la laïcité et du clientélisme d’une gauche. Monique Plaza

lundi 17 août 2020, par Amitié entre les peuples

Critique de l’Observatoire de la laïcité et du clientélisme d’une gauche.
ou Critique d’une laïcité ouverte à l’islamisme de Monique Plaza

(titre Christian D)

Quelques brefs éléments d’histoire à propos de la politique œcuménique, communautariste et compatible avec l’islamisme de l’Observatoire de la Laïcité, qui était en fait déterminée dès sa fondation.


Le 5 avril 2013, François Hollande a nommé Jean-Louis Bianco à la tête de l’Observatoire de la Laïcité, placé théoriquement sous la responsabilité du Premier ministre. La mission de l’ODL était d’« assister le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France ». Très vite, cet Observatoire a adopté des positions dont un certain nombre allaient à l’encontre de la défense du principe de laïcité. Cet infléchissement a été dénoncé, y compris par des personnalités qui en étaient membres, tels Jean Glavany, Françoise Laborde, et Patrick Kessel.
En fait, ce n’était pas un infléchissement. L’Observatoire de la laïcité a été installé en 2013 par François Hollande pour remplacer le Haut Conseil à l’Intégration (HCI) dissous en 2012. Malika Sorel, membre du HCI, suppose que la création de cet Observatoire avait pour objectif de faire disparaître la mission laïcité du Haut Conseil à l’Intégration, dont les Rapports gênaient fortement le président, à tel point qu’il avait refusé que soient publié à la Documentation française - ce qui est la coutume - le dernier rapport du HCI qui tirait la sonnette d’alarme sur les dysfonctionnements et problèmes observés dans l’enseignement supérieur, et décrivait ce qu’il fallait d’urgence mettre en œuvre pour tenter d’endiguer le phénomène.
Pour comprendre et identifier la trame politique et idéologique de la création de l’ODL , il faut se remémorer le Rapport publié par le think-tank Terra Nova en prévision de la présidentielle de 2012 à propos de la « nouvelle identité sociologique de la gauche, la France de demain ». Ce Rapport a rendu public, sans fioritures, l’objectif qui est d’ordinaire tu ou travesti : « La population des Français issus de l’immigration est en expansion démographique et en mutation identitaire (...) ce sont entre 500 000 et 750 000 nouveaux électeurs, naturalisés français entre 2007 et 2012, qui pourront participer au prochain scrutin présidentiel […]. Au-delà des non-religieux, ce sont aussi tous les non-catholiques, notamment les individus d’“autres religions”, composés à 80 % de musulmans, qui sont plutôt enclins à voter à gauche. » Malika Sorel souligne que le pouvoir de gauche, mais pas seulement lui, a dés lors tendu à prendre la laïcité comme variable d’ajustement pour ne pas s’aliéner le vote d’une part non négligeable de l’immigration. Ce tropisme politique a conduit nombre de politiques à négocier avec la laïcité, voire à la renier, afin de satisfaire des demandes d’ordre religieux, ou perçues comme telles. Et à redéfinir une laïcité « ouverte » dont Jean Baubérot s’est fait le chantre, suivi par une grande partie de la gauche.
Les liaisons dangereuses de l’ODL avec l’islamisme que nous dénonçons aujourd’hui ne sont donc pas seulement anciennes, elles sont aussi structurelles. Le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, et Nicolas Cadène, le rapporteur, avaient cosigné le 15 novembre 2015 un Appel intitulé « Nous sommes unis », publié dans Libération, avec Samy Debah et Yasser Louati, directeur et porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), et Nabil Ennasri, proche du courant des Frères musulmans.
Nicolas Cadène n’a pas hésité en 2016 à twitter contre Elisabeth Badinter, quand elle a mis en cause la définition tendancieuse de l’islamophobie, l’accusant de détruire un « travail de pédagogie de trois ans sur la laïcité ». Cadène se targue (fort justement) de n’avoir jamais été accusé d’« islamophobie » : il a en effet reçu immédiatement après son tweet le soutien du CCIF (qui considère la loi du 15 mars 2004 comme une loi islamophobe, c’est à dire selon son acception, raciste).
L’Observatoire de la laïcité, qui a transformé la laïcité en une coexistence des communautés religieuses monothéistes, a choisi de promouvoir une approche relevant de l’oecuménisme et du communautarisme au lieu de défendre la laïcité républicaine contre ceux qui la déforment ou la mettent en danger.
C’est ainsi que, juste après le 13 novembre, l’Observatoire de la laïcité a partagé des initiatives avec le rappeur Médine (qui voulait « crucifier les laïcards ») et avec le CCIF qui combat le modèle laïque français pour imposer les accommodements ostensibles d’un islam intégriste refusant la sécularisation et arc-bouté contre la séparation entre la citoyenneté républicaine et l’appartenance à une communauté religieuse.
C’est ainsi que l’Observatoire de la laïcité a noué des liens très forts avec l’Association Coexister, créée sous les auspices d’un journaliste de La Vie, proche de l’Eglise catholique, qui veut militer pour le vivre ensemble entre les trois grandes religions monothéistes, et qui ne craint pas de le faire y compris avec des militants proches des Frères musulmans.
L’association Coexister dit défendre la « neutralité de l’Etat » en matière de laïcité, mais elle est « neutre » jusqu’à accepter que des croyants affirment leur foi au détriment d’autres principes, mettent en cause la loi de mars 2004, nient la supériorité des sciences sur les croyances à l’école, comme le laisse entendre un tweet de Samuel Grzybowski, l’un des animateurs de Coexister. Et Jean-Louis Bianco a choisi de coécrire l’ouvrage « L’après Charlie » avec Lylia Bouzar, Samuel Grzybowski et Jean-Louis Bianco, et non avec des tenants d’une autre conception de la laïcité alors que l’Observatoire de la laïcité est un organisme public financé par l’ensemble des citoyens. Notons que ces deux responsables de l’ODL n’hésitent pas à bloquer sur Twitter des personnes qui ne partagent pas, et critiquent, leur conception de la laïcité et la façon dont ils la mettent en œuvre.
À propos des possibles liens entre l’ODL et les Frères Musulmans, Mohamed Louizi avait noté en 2016 que Jean-Louis Bianco avait déjà rencontré, au Caire, le guide-suprême des Frères Musulmans :
« Un article du journal égyptien « Al-Ahram » rend compte de la réception par Mohammed Badie, le guide-suprême des Frères Musulmans, et par Mahmoud Hussein, le secrétaire général de la confrérie islamiste, d’une délégation française le mardi 31 janvier 2012, sous la présidence Sarkozy, cinq mois avant l’intronisation du frère musulman Mohamed Morsi comme président de l’Égypte.
La délégation française était composée, en plus de Jean-Louis Bianco, de parlementaires et conseillers, de gauche comme de droite :
 Hervé Gaymard (ancien ministre),
 Jean-Félix Paganon (ambassadeur)
 Jean-Paul Lecoq (député),
 René Musolier (député),
 François Rochebloine (député),
 Laure Bazin (conseillère),
 ainsi que deux autres personnalités politiques, جان جاك جيبيه et سيرج جونكان).
Le guide-suprême leur a expliqué ce qu’est la mouvance des Frères Musulmans et ce qu’est l’identité du parti politique qu’elle a créé pour mener les élections. Dans cette rencontre, il a exprimé son vœu de voir changer l’image collée aux islamistes. Il a demandé de juger les « frères » sur les faits.
Jean-Louis Bianco semble avoir été très attentif à ce vœux très pieux, exprimé par un « frère » qotbien, qui fait partie de la branche la plus radicale des Frères Musulmans, l’un des élèves de Sayyid Qotb ».
.... Et ainsi la boucle entre Bianco, Cadène, l’ODL Coexister, la Mosquée des Lumières, Rose Ameziane, le CCIF, les Frères Musulmans, l’islamisme est bouclée en faveur d’une vision communautariste et multiculturelle, aux antipodes du modèle laïque et républicain de la France.
La question est de savoir comment casser ce cercle fatal qui n’a cessé de s’agrandir et de se renforcer depuis des année, mettant en danger notre pays.