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Critique de Philippe Dessertine, penseur réactionnaire. (I) C Delarue

dimanche 7 août 2011, par Amitié entre les peuples

Critique de Philippe Dessertine, penseur réactionnaire.
Christian DELARUE

Comment se construit le néofascisme ? (I)

Philippe Dessertine est invité sur les radios et répète que brider la finance et taxer les riches n’est pas la solution, que cette dernière passe par une refonte de notre mode de vie et de consommation (1). Qu’il faille changer notre mode de vie et de consommation est un point de plus en plus défendu. Mais c’est la façon de le dire qui fait la différence. Il y a une façon toute réactionnaire qui fait précisément le jeu de l’extrême-droite et une façon progressiste.

1) Le populisme versus ce qu’en dit l’élite

Ce qui peut tromper c’est que Philippe Dessertine critique le populisme montant mais c’est précisément un cas d’une élite qui critique comme populiste les craintes d’un peuple-classe qui sait qu’il va subir la prochaine crise comme il a subit la précédente de 2007-2009 ou se sont les banques qui ont été sauvés et les peuples-classe qui ont subi l’austérité directement (avec des licenciements ou des salaires stagnants) ou indirectement avec une baisse des dépenses sociales et donc un Etat social réduit.

Il écrit : « Il y a beaucoup de bouc-émissaires dans cette crise, la »finance folle« au premier plan, les banques, les agences de notation. Et pourtant, c’est une illusion collective voire un mensonge. On s’attaque aux instruments et non aux raisons sous-jacentes. Cette crise présente un parallèle indéniable avec la crise de 29 et la recherche de bouc-émissaires pour s’exonérer de la responsabilité collective entraîne une montée du populisme, de la stigmatisation de groupes ethniques et/ou sociaux et des extrêmes, notamment de droite. »

Il mélange tout . D’abord, le populisme d’extrême-droite identitaire, ethnique et nationaliste n’est pas celui qui peut venir de gauche ou d’extrême-gauche (2). Ensuite la finance est bien un pouvoir économique qui a des responsabilités certaines dans ce qui arrive. La finance n’est pas un bouc-émissaire. Lire ici François Chesnais (3) ou ce que dit ATTAC ou le CADTM. Il faut relier la finance avec les politiques qui autorisent cette prédation si l’on veut dire la vérité des responsabilités. C’est donc l’oligarchie qu’il convient alors de critiquer et la « trahison des élites » qui depuis environ 30 ans ne sont plus au service du peuple-classe mais des riches. Et là, mon propos critique - altermondialiste et antiraciste - est : ne pas dire cela pour y proposer des alternatives c’est faire le jeu d’une nouvelle montée des inégalités avec une extrême-droite toute prête pour détourner les revendications sociales des travailleurs au profit d’un néolibéralisme dur à contenu nationaliste.

2 - Une élite qui tient le langage de l’appauvrissement aux prolétaires.

« On doit rentrer dans une politique de rigueur importante tant le remboursement de la dette est devenu incontournable ». Incontournable ? Il y a des dettes illégitimes qui n’ont pas profité aux peuples-classe mais aux très riches. La politique de rigueur doit s’appliquer d’abord en-haut contre les très riches. Le principe de justice social est lui incontournable.

Il dit « s’exonérer de confronter la population aux problèmes réels et au fait douloureux qu’elle devra consommer moins. » sans évoquer une autre production et une autre fiscalité et un autre mode de rémunération plus resséré et plus conforme à la « cohésion sociale » liée à la République et au « vivre ensemble ». Critiquer la surconsommation et le productivisme de façon générale est désormais aisé et courant, mais le faire en intégrant la question sociale est plus difficile mais pourtant nécessaire pour éviter la montée de l’extrême-droite.

« nos exigences surdimensionnées vis-à-vis de l’État » dit-il en bon libéral. Vouloir baisser les dépenses sociales c’est réduire l’Etat social, c’est réduire l’économie non marchande c’est à dire celle qui donne l’accès aux biens et services hors toute exigence de solvabilité. Il y a donc un fort enjeu de classe sur le sujet puisque la finance entend privatiser et soumettre à la spéculation de plus en plus de secteurs de l’Etat social alors que le peuple-classe - et surtout parmi lui les prolétaires - veut le conserver et développer.

Quand à la fiscalité contemporaine est de plus en plus une fiscalité de « classe » (cf CGT Finances publique) qui protège les riches et taxe les prolétaires. Cela crée la montée d’une critique sociale qu’il va dire populiste ! Langage d’une élite en trahison.

3 - L’usage de catégories très englobantes comme vecteur du mensonge politique

« les populations des pays émergents ne mettent pas la crise sur le dos des banquiers américains mais sur celui de l’égoïsme occidental ». Cette globalisation tient plus du racisme ou peu s’en faut que de l’analyse scientifique. Mettre tout l’occident dans un même bâteau sans distinction n’est guère crédible.

Philippe Dessertine use dans son propos des termes comme occident, opinion, citoyen, gens, peuple,nation, qui masque l’existence d’une bourgeoisie comme classe dominante au-dessus du peuple-classe et donc la division de la société en classe et couches sociales .

Plus concrètement encore l’usage de catégories flous masque la diversité des capacités de solvabilité, des capacités d’accès aux marchés. Or le marché des biens offre des biens de luxe mais aussi des biens nécessaires à la vie : logement, alimentation, santé, transport, etc... en l’absence de services publics. Or le marché est un rapport social de solvabilité quand à l’accès aux marchandises. Les riches (4) et en-dessous d’eux les personnes aisées (plus de 3000 euros par mois) y ont accès sans problème alors que les prolétaires, par définition, sont contraints de faire attention puisqu’ils connaissent des fins de mois plus ou moins difficiles.

Les catégories politiques abstraites sont très régulièrement invoquées par les « politiques » et ce sont les analystes de science politique qui décryptent et précisent le contenu réel employé. Lire : La fécondation des catégories politiques abstraites : Peuple, République, Nation, Démocratie....

4 ) La lutte contre les paradis fiscaux et pour une TTF est essentielle.
(prochain texte à suivre)

Christian DELARUE

1) « Pour sortir de la crise, repenser notre mode de vie et de consommation »
http://resultat-exploitations.blogs.liberation.fr/finances/2010/08/dessertine.html

2) Les deux populismes : Populisme social (de gauche) et populisme identitaire-national (d’extrême-droite). C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1773

3) François Chesnais ou Cédric Durand

 Note de lecture de « Les »dettes illégitimes" de François Chesnais. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1739

 La finance étrangle les peuples-classe d’ Europe. Cédric Durand

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1785

4) Les « petits riches » qui font parti du peuple-classe et pas de la classe dominante démarrent selon François Hollande à 4000 euros net par mois ou 5000 euros brut par mois. Les gros riches membres de la bourgeoisie sont bien loin au-dessus.

M F Hollande, distinguons les « petits riches » des gros ! C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1510