Accueil > Antisexisme - Féminisme > Mondialisation, genre, patriarcat, > Crise du capitalisme et renforcement de l’oppression des femmes. J.Falquet

Crise du capitalisme et renforcement de l’oppression des femmes. J.Falquet

samedi 4 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

Crise du capitalisme et renforcement de l’oppression des femmes. Intervention de Jules FALQUET lors de la 1re université d’été du CADTM à Wépion (Belgique) le 3 juillet 2009.

Son intervention reprend, en résumant très fortement, les thèses de son ouvrage « De gré ou de force »(1) . Les grandes lignes sont : 1- les femmes sont embarquées dans la mondialisation néolibérale ; 2 - Les institutions internationales y compris l’ONU s’emploient à intégrer les femmes dans ce mouvement, en s’appuyant sur leur « désir de participer » ; 3 - Face aux dominations subies les femmes doivent s’organiser en mouvement de lutte autonome. Quand elles participent aux mouvements sociaux de lutte contre le néolibéralisme - et elles le font massivement - elles doivent aussi « questionner » systématiquement la reproduction patriarcale qui y perdure. Quel modèle familial proposent les militants masculins ou les identitaires ? Les femmes appartenant à des mouvements identitaires doivent questionner la tradition culturelle du point de vue des intérêts des femmes. Ce questionnement concerne tous les peuples de toutes les cultures et de tous les continents.

L’auteure s’appuie beaucoup sur les expériences et les réflexions des féministes latino-américaines qu’elle connait bien. Une femme indienne du Mexique dit-elle n’est pas une femme qui est en plus indienne et de surcroît pauvre : il s’agit d’une personne qui est à la fois racisée, sexisée et classisée, et ces trois dimensions de son expérience sont inséparables.

Ce qui a fait débat, c’est sa thèse qui défend l’unicité de la domination des instances internationales, ONU comprise, tout comme le FMI et la Banque mondiale quoique différemment. Un des chapitres de son livre s’intitule : L’ONU vise-t-elle une « gouvernance » mondiale ou la neutralisation des mouvements sociaux ? (p 87). Pour Jules Falquet, L’ONU joue le discours de persuasion et de formation du consensus autour des droits acquis pendant que les autres institutions s’emploient à les détruire depuis plus de trente ans. Pour Jules Falquet, l’ONU participe de la domination du monde. C’est un outil nécessaire à la reproduction de cette domination qui s’adresse surtout aux femmes.

Pour les mouvements altermondialistes et notamment pour ATTAC France, la caractéristique systèmique du monde présent est la dynamique capitaliste qui structure les multiples crises qui sont apparues à la conscience des peuples du monde. Autrement dit, ce que les chercheur(e)s et militant(e)s altermondialistes expliquent c’est que les crises financière, économique, sociale, écologique, alimentaire, géopolitique qui frappent le monde et les peuples-classe de ce monde sont liées entre elles par une logique qui fait système. Pour relier cette position avec celle de Jules Falquet, on peut ajouter que cette logique capitaliste destructrice approfondit et reconduit la vieille domination patriarcale et sexiste. Le mérite de l’intervention de Julie Falquet est de mettre en avant l’oppression sexiste et la nécessité d’une solution féministe en lien avec le combat de classe et antiraciste.

A titre de contribution pour le débat contemporain sur le postcapitalisme, le propos de Jules Falquet souligne un aspect important pour penser la nécessaire rupture franche avec le capitalisme vers un écosocialisme différent du socialisme de l’horreur connu au siècle passé. Le renversement de la domination de classe et la sortie du système capitaliste ne produiront jamais un socialisme authentique sans un engagement de longue durée incrusté dans les corps par des luttes et des pratiques constitutives d’abolition du sexisme et du racisme. Pour qui plaide pour un tel but démocratique il ne s’agit pas là que d’un ajout programmatique de circonstance mais d’un engagement de tous les jours donnant lieu à réflexion théorique et collective pour éviter l’instrumentalisation des dominées.

Christian DELARUE

(Be & Ca du MRAP, Ca ATTAC Fce)

1) « Degré ou de force - les femmes dans la mondialisation » par Jules FALQUET, maîtresse de conférence en sociologie à Paris Diderot, est publié aux éditions « La Dispute » série Legenredumonde