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« Couches populaires » : les prolétaires « carrière » et les prolétaires précaires. C Delarue

dimanche 15 janvier 2012, par Amitié entre les peuples

Subdivision des « couches populaires » :
les prolétaires « carrière » et les prolétaires précaires.

Annie Collovald défend les couches populaires. Ce binôme « couches populaires » peut renvoyer à deux FORMATS de groupes humains : d’une part un format étroit versus « bas-peuple » soit les prolétaires et les sous-prolétaires ou d’autre part en format plus large soit le peuple-classe qui est l’ensemble des classes dominées : sous-prolétaires, prolétaires et petite(s)-bourgeoisie(s).

Pour certains débat il conviendra de mettre l’accent sur le format large, sur le fait que c’est l’ensemble du peuple-classe qui est dominé, petite-bourgeoisie incluse. Pour d’autres débats, il conviendra de distinguer les prolétaires des petites-bourgeoisies (1). Enfin pour une troisième catégorie de débat – notamment la question de la représentation des prolétaires - il importera de distinguer entre deux sortes de prolétaires. Non pas pour les opposés mais pour favoriser les convergences de luttes.

I - Le système capitaliste et les rapports sociaux

 Production et circulation marchande : deux sphères et deux rapports sociaux objectifs.

Marx distingue la sphère de la production de celle de la circulation marchande. L’exploitation de la force de travail s’opère dans la première par les acheteurs contre les vendeurs. Elle se traduit concrètement par une lutte (de classe) pour augmenter le temps de travail, augmenter l’intensification du travail, diminuer les salaires, précariser l’emploi, etc. Tout cela est mis en avant par le mouvement ouvrier historique .

Mais il n’y a pas que la place dans le procès de production (privé ou public) qui importe car nous ne sommes plus au temps ou le salariat ne faisait que 30 % de la population avec pour l’essentiel une composition ouvrière de l’industrie. Les ouvriers existent toujours mais d’autres catégories de travailleurs salariés sont apparues, certains prolétaires d’autres non. Le champ du salariat est vaste et différencié.

 Deux facteurs décisifs : Niveaux différents de consommation et rapport d’encadrement.

Le rapport face au marché a aussi son importance pour différencier ceux qui n’ont plus rien ou presque en fin de mois (insolvable) et ceux qui peuvent aisément épargner et placer en bourse sans problème. Ce n’est pas là de la subjectivité mais un fait objectif que Marx n’avait pas oublié. La surconsommation (en plus de l’épargne) est une autre conséquence objective qui a de l’importance de nos jours : il est le fait de la petite-bourgeoisie mais aussi et surtout de la bourgeoisie (le 1 à 2 % tout en-haut). Il est le pendant de la sous-consommation des prolétaires et surtout des sous-prolétaires.

Depuis longtemps, pour assurer la reproduction systémique, les capitalistes ont accepté de très bien payer l’encadrement, surtout l’encadrement supérieur, pour qu’il fasse le « sale boulot » (entendez les tâches d’exploitation et d’extraction de la plus-value) .

 Travailleurs salariés prolétaires (tsp) et travailleurs salarié petit-bourgeois (tspb)

En fonction du rapport social face au marché des biens et service, on peut distinguer les travailleurs salariés prolétaires (ts prolo) et les travailleurs salarié petit-bourgeois (ts p-b). De plus, comme dit précédemment i n’est pas mauvais de remarquer que la forte rémunération - très supérieure à 3000 euros net par mois - est très souvent liée aussi à une fonction d’encadrement à l’encontre des travailleurs salariés de base (employés, ouvriers, techniciens et petits cadres de proximité). Ceux-là sont tout à la fois dominant et dominés. C’est là que l’on trouve des appréciations différentes entre les auteurs.

II - La subdivision interne des prolétaires : les « carrières » et les précaires.

Ce groupe des prolétaires entendu comme les travailleurs salariés a très faible capacité d’épargne en fin de mois (en-dessous de 3000 euros net par mois) est globalement divisé. On peut d’ailleurs voir de multiples divisions catégorielles mais aussi de façon simplifiée deux grands groupes : les prolétaires de « carrière » et les prolétaires précaires.

Il y a ceux qui parviennent à faire carrière c’est-à dire à décoller du SMIC et à monter dans la hiérarchie des salaires (2) sans cependant dépasser le plafond des prolétaires (qui va de 2500 euros net à 3000 euros net par mois selon les situations) y compris en fin de carrière et tous ceux qui restent collés au smic au moins pendant une, deux voire trois décennies. Ces deux groupes sont prolétaires mais vivent fort différemment les conditions de travail car un groupe « s’en sort » relativement mais pas l’autre qui connaît le risque de basculement dans la misère. Faut-il appeler ce groupe le lumpen-prolétariat précaire ? Non car malheureusement il y a un sous-prolétariat pauvre caractérisé par le défaut de tout : ce sont les « sans ».

Les deux groupes de prolétaires « triment » (tripalium) au travail et subissent l’austérité salariale mais l’un subit plus que l’autre. Il faut donc bien faire cette distinction. En général les premiers ont un statut ou une qualification qui les protège alors que les seconds travaillent dans des secteurs très concurrentiels ou la précarité et la violence patronale sont la norme. Mais cela ne recoupe pas la distinction public-privé. On peut encore faire carrière dans le privé et donc voir son niveau de paie s’élever.

Une minorité de salarié passent dans la petite-bourgeoisie en gagnant plus de 2500 à 3000 euros net par mois. On ne saurait se dire « prolétaire », même si salarié, lorsque l’on perçoit plus de 3000 euros net par mois. On a gagné une qualification, et en général un poste qui offre une aisance matérielle et un patrimoine bien différent des prolétaires. Cette couche petite-bourgeoise (3) n’est pas forcément riche. Et elle doit aussi « bosser ». C’est F Hollande qui estimait que l’on devenait riche à partir de 4000 euros net par mois. Avec de tels revenus sur une longue période un individu peut se constituer un patrimoine immobilier bien différent du prolétaire. Pour autant la petite-bourgeoisie est loin de la bourgeoisie et de la classe dominante.

Christian DELARUE

1) Sous consommation des prolétaires (et des sous-prolétaires) et surconsommation de la petite-bourgeoisie et de la bourgeoisie.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1858

2) Le système de la carrière n’est plus unilatéralement montant. On peut stagner et même régresser avec les évaluations .

3) Les trois « petites bourgeoisies »

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1835