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Contrôle de routine dans les bureaux de la PAF

dimanche 5 décembre 2010, par Amitié entre les peuples

Contrôle de routine dans les bureaux de la PAF

http://nantes.indymedia.org/article/22440

France terre d’asile.

Un contrôle désormais trop banal de la PAF envers les mineurs étrangers. Les noms ont été changés.

« Le policier qui m’a reçue dans son bureau, m’a demandé de présenter mon acte de naissance ». Il a ensuite procédé à la prise d’empreintes. Assis à son bureau, il s‘est alors tourné vers son écran d’ordinateur et a appelé de suite cinq de ses collègues des bureaux d’à côté.

Ceux-ci ont demandé si l’éducatrice était partie et ce qu’elle avait dit. Monsieur X a répondu : « oui, elle est partie, elle a semble surprise et puis elle a ajoute qu’en fait l’équipe éducative avaient des doutes sur son âge depuis le début ». « Cela m’a mise en colère et très attristée. Je n’ai pas pensé à ce moment là que c’était sans doute une manœuvre pour me faire craquer »

« Sur l’écran il y avait un document avec ma photo. Ils m‘ont demandé si je reconnaissais que c‘était moi sur la photo ; j’ai dit oui. Si je reconnaissais avoir déposé mes empreintes déjà une fois avant ce jour ; j’ai acquiescé. Si j’étais d‘accord avec la date de naissance mentionnée et qui me disait majeure, j’ai nié et leur ai assuré que j’étais née en xxxx, que, l’acte de naissance, que je venais de leur présenter et qui était le seul papier en ma possession depuis mon arrivée en France, mentionnait mon âge réel.
J’ai senti alors le policier Monsieur X s‘énerver. Les autres policiers autour de lui ont commencé à me questionner tous en même temps. Monsieur X, -j’ai alors compris que c’était lui le responsable de mon dossier-, semblait plus fâché que les autres. Il m’a traité de menteuse, de sale menteuse plusieurs fois, continuant à crier, m’annonçant qu’ils allaient m’enfermer, qu’ils allaient me mettre en garde à vue ».

Certains policiers ont été plus apaisants. Ils m’ont dit : « Dis nous la vérité, tu pourras alors vivre normalement. ll y a plein de personnes comme toi à Trifouilli qui ont leur titre de séjour et qu’on embête pas ».
Ils m’ont donné deux papiers à signer. Je I’ai fait sans les lire ; paniquée, ma vue était brouillée, je tremblais. Ils m’ont pris mon sac. J’ai pleuré, j‘avais peur m‘enferment, je me souviens que je les suppliais : « Aidez-moi, ne m’enfermez pas ». Je réclamais mon médicament, ma Ventoline, mais ils ne voulaient pas me le donner. Ils ont fini par me le donner tellement j’étais mal. J’ai pompé deux fois.
J’ai senti le stress monter, la sueur commencer à couler, mes oreilles se boucher. J’ai commencé à avoir peur. J’ai eu peur de faire une crise d’asthme et surtout- panique à l’idée d’être enfermée. Monsieur X savait que j’étais claustrophobe. Je le lui avais dit à l’accueil où j’avais refusé de prendre l’ascenseur préférant monter par l’escalier. Il avait compris quel était mon point faible et agissait dessus.

Ils ont continué à monter en pression tous autour de moi, me posant des questions tous en même temps. Je continuais de nier, d’expliquer ma version des faits. « Ferme ta gueule sale menteuse » m’a dit plusieurs fois Monsieur X. Je lui ai demandé, je me souviens, pourquoi il m‘insultait comme ça ; il m’a répondu que ce n’était pas des insultes.
Monsieur X alors montré une petite pièce toute blanche sans fenêtre, avec deux matelas au sol.
Il m’a dit : « Là où l’on t’emmènera, ce sera plus petit, plus sale et tu seras avec des délinquants. » A l’idée d’être enfermée là dedans, j’ai panique. J’ai crié : ne m’enfermez pas, mettez moi, en travaux forces mais ne n’enfermez pas, vous plait ». « Non seulement tu seras enfermée, mais tu devras rembourser tout ce que tu as dépensé ici »

Une femme est venue, m’a emmenée dans une pièce et m’a demandé d’ôter mes habits, même mon slip alors que je lui disais avoir mes règles. Quand elle s‘en est rendue compte, elle m’a autorisée finalement à garder ma culotte,
pompe une fois ma Ventoline, que j‘avais gardée dans ma poche. Elle me prise en disant étaient responsables de moi et ne pouvaient donc pas me laisser mon médicament.
Elle m’a à nouveau emmenée dans la salle où tous les policiers étaient réunis. lis ont continué avec les mêmes questions. Toujours les mêmes questions. Je sais que je me suis affolée, je m’agitais beaucoup. Je ne me souviens pas trop ce qui s’est dit à ce moment, mais Monsieur X a continué à me traiter de menteuse et à me réclamer des choses auxquelles je ne savais pas quoi répondre.
Vers 17h je crois, une avocate est passée, s’est entretenue un peu avec moi, pas longtemps. Elle a dit ; « Je ne comprends rien à cette histoire ». Et elle a parlé de la radio osseuse qui me disait mineure. Je lui ai dit en pleurant que je ne voulais pas être enfermée, que je voulais faire des travaux forcés. Elle répondu que cela n’existait plus en France. Elle a écrit ce que je disais, notamment quand je lui ai dit qu‘ils ne voulaient pas me redonner ma Ventoline, que j’étais claustrophobe et qu’ils me menaçaient de m’enfermer. Elle a dû transmettre ce qu’elle a écrit à Monsieur X, car au départ de l’avocate, il est devenu tout rouge en criant : « Pourquoi lui as tu dit qu’on ne voulait pas te donner ton médicament ? » Il criait, il semblait m’en vouloir beaucoup.

Au docteur qui est venu, ils ont demandé devant moi quel âge elle me donnait, et lui ont dit que je ne faisais pas mineure. Je ne sais plus ce qu‘elle a répondu, mais elle a dit que j’allais bien. Je lui ai parlé de ma claustrophobie. Elle en avait entendu parler par les policiers. Mais elle a répondu qu‘elle n’était pas psychologue.

Ils ont continué à m’interroger. Enfin, ils m‘ont présenté deux documents, que j’ai là pris le temps de lire. C’était le compte rendu de l’interrogatoire.

J’ai compris alors que Monsieur X devait partir, qu‘il aurait dû partir déjà. Mais qu‘il était en colère car je n’avais rien à répondre à ses questions, et que donc il n’en avait pas avec moi. Ses collègues lui ont proposé de prendre le relais : « Tu peux nous la confier » Mais il n’a pas voulu : Non, je m’en occupe ».

Avant de me laisser partir, il m’a répété : « Madame Y, c’est pas fini. Toi et moi, on va se revoir. De toutes façons c’est au procureur d’en décider, mais ta demande d‘asile, je ferai en sorte que tu ne l’aies pas » Je lui ai dit « Pourquoi vous acharnez vous comme ça sur moi ? Vous ne me connaissez pas, je ne suis pas une délinquante. Vous devez avoir des filles, des sœurs, une femme » ll a répondu sèchement : « Qui. t’a dit que j’avais des enfants ? » « Je ne sais pas, je suppose » Oui, j’ai des sœurs, mais ma sœur, si elle ment comme ça, je la gifle ».
J’ai pensé qu’en fait il en faisait une histoire personnelle.

Maintenant, j’ai peur. J’ai peur qu’ils m’enferment. J’ai peur de mourir s’ils m’enferment. Je ne tiendrai pas s’ils m’enferment. »