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Contributions ATTAC sur la stratégie. JMH - CD - MB

mercredi 23 février 2011, par Amitié entre les peuples

1 - De Jean-Marie HARRIBEY, « Pour sortir de la »Folle Epoque« , il faut reconstruire une stratégie », janvier 2011

http://www.attac.org/fr/groups/wiki/jean-marie-harribey-pour-sortir-de-folle-epoque-il-faut-reconstruire-une-strat%C3%A9gie#comment-620

2) Contribution en deux temps de Christian Delarue :

A) Je sollicite l’attention du bureau exécutif et du ca à propos d’une résolution largement adoptée par la dernière AG. Tous les votants ni même tous les signataires n’étaient pas d’accord sur l’ensemble de la résolution au mot près car y figurent des points précis qui font débat mais les grandes lignes de cette résolution ont une force argumentative qui a été largement approuvée. Elle doit être appliquée. Pour cela il faut peut-être la relire (cf lien).

Pour ma part, j’estime qu’un vent anti-europe avec une tournure anti-euro souffle fort en France et en Europe. Ce jugement s’appuie aussi sur des éléments objectifs comme le très fort taux d’abstention lors des dernières élections européennes de 2009.

Vous êtes, mes ami(e)s, très occupé(e)s par les questions altermondialistes dans le monde, en afrique et en europe mais vous avez surement lu comme moi les intentions de vote prêtées au FN. Si vous êtes passés trop rapidement dessus, je vous signale que cela ne concerne pas que l’islam. La question de la souveraineté du peuple y est posé pour l’Europe. Et comme membre du MRAP, je n’entends pas la laisser à MLP.

J’ai lu aussi la dernière contribution de Pierre Khalfa ardent défenseur d’une autre Europe et militant très attentif à tout ce qui se produit en Europe. J’ai trouvé sa contribution comme un appel ardent, une supplique pouvant annoncé un changement de position si les responsables européens n’agissaient pas pour arrêter le massacre. En gros il est temps de passer à plus de coopération et moins de mise en concurrence. Mais vous êtes nombreux à savoir mieux que moi - il y a des spécialistes au CA sur l’Europe - que la tendance n’est pas en ce sens. Elle est profondément régressive. L’Europe est accaparée par l’hyperclasse néolibérale car la gauche véritable y est faible de même que les écologistes. Le mouvement social y est peu puissant et la CES intégrée.

Cette situation justifie l’intérêt des peuples pour la politique de la Hongrie. Sur la « deconnexion hongroise » de juillet 2010 pour laquelle j’ai une certaine attention bien que le sujet soit complexe je pense que le miracle ne va pas faire long feu. On verra. Mais c’est mieux que ce que fait la Grèce et les États du sud de l’Europe qui sont sur la sellette. Et pour l’heure malgré les critiques d’une politique autoritaire contre la presse (typiquement d’extrême -droite) je vois que toutes des droites populistes approuvent le combat contre Bruxelles et contre le FMI. Ce combat est partagé bien au-delà de l’extrême-droite évidemment. De nombreux citoyens de la gauche politique et de l’écologie politique sont en phase avec l’idée de déconnexion partielle. Sans repli nationaliste, mais au contraire avec la perspective d’une europe sociale et écologique. Le fil progressiste est maintenu, me semble-t-il. Dans cette dialectique, la perspective continentale et mondiale n’est pas abandonnée.

Mais nous sommes dans une période de trouble. L’extrême-droite avance sur notre terrain d’une façon perverse en plaçant le nationalisme à la place de la souveraineté populaire (pour ce qui est de la démocratie) et à la place du social (pour ce qui est de son discours sur le peuple).

B) Plus qu’un départ de Sarkozy !

ATTAC a été cet automne 2010 au cœur des luttes sociales en France sur la question des retraites. Ces luttes qui ont très fortement mobilisé le peuple-classe ont vu outre les syndicats de salariés des partis politiques (de gauche et écologistes) se profiler dans une double
démarche : éjecter Sarkozy et son équipe du pouvoir et changer les
règles du jeux et les institutions. On évoque comme jamais la
construction d’une VI République. Il y a là quelque chose de positif à
bien considérer.

Il ne faut donc pas se tromper de période en voyant dans le champ
politique une absence de partis réellement désireux de changer la donne en France. Je dirais même qu’il faut interroger un tel regard par trop négatif et manifestement faux. Le « tous pourri » n’est pas tenable. Il est irresponsable et même un brin populiste. Il fait le jeu du
sarkozysme et au-delà du conservatisme institutionnel.

Une question se pose de façon légitime. Une stratégie de rassemblement sur des questions de font est-elle possible alors que se profile une élection dont la nature même est fortement critiquée ? La réponse est positive pour peu que l’on se concentre sur deux points fondamentaux :
1) le peuple-classe français tient majoritairement à « bouter dehors » le
césar présidentiel, 2) Il veut le faire en changeant la donne et pas
seulement en changeant le locataire de l’Elysée. Ce « changer la donne »
est évidemment variable et donc conflictuel mais il est réel. Cela ne
doit pas faire peur. Cela fait parti de l’apprentissage démocratique des
individus et des peuples.

Si l’on conserve cela bien en tête et si l’on sait que l’on ne peut
impliquer ATTAC au côté d’un seul parti politique alors on comprend que
se pose à nouveau la question des collectifs pour le changement social
et politique.

ATTAC dispose en matière de fiscalité, de service public, de réformes
sociales, de réformes écologiques un corpus qui peut s’intégrer à celui
d’un collectif large tel que le propose la Fondation Copernic. ATTAC
peut donc être un des acteurs du changement sans s’affilier à un parti
en particulier. Pour cela il lui faut sortir de l’idée que sa compétence
s’arrête à certains champs bien délimités de la société civile. Une
société civile que de nombreux militants conçoivent trop comme séparée du politique et des questions démocratiques réelles . Il faut penser à « socialiser » le politique et les questions électorales quand elles se posent. Il faut alors ne pas les laisser aux seuls partis politiques que ce soit les partis qui se réclament des mouvements sociaux sans penser agir au cœur des institutions ou que ce soit les partis qui disent leur volonté d’investir les institutions pour les changer. Le mouvement social ne doit pas se mettre en spectateur pour dire ensuite ce qu’il pense de ce qui a été bien ou mal fait ! Il doit intervenir il doit « socialiser » le processus démocratique. C’est à dire donner corps social à un dispositif démocratique conçu dans l’entre-soi politicien froid et dépourvu d’épaisseur revendicative. Une telle intervention participe du changement de nature des institutions et notamment du présidentialisme à contester de façon virulente. Si nous voulons changer de République il faut le faire à la Tunisienne en mobilisant le jour des élections par exemple. Sauf que pour la France le « Dégage » ne porte pas que sur le locataire. C’est l’appartement qu’il faut changer ! Il est temps !

Elargissons le domaine de la lutte ! Cessons de regarder passer le train !

Christian Delarue
membre du CA d’ATTAC (mrap co-fondateur)

AG ATTAC 2010 : Résolution : Le combat pour la démocratie en France .
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1401

signée par Sophie Banasiak, Jean-Claude Bauduret, Martine Boudet, Claude Boutin, Thierry Brugvin, Christian Delarue, Véronique Gallais, Robert Joumard, Olivier Labouret, Pierre Ruscassie, Frédéric Viale

3 - Martine Boudet membre du CA d’ATTAC a elle aussi produit une contribution (en document joint ci-dessous)