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Construire un mouvement social sur la base de la reconnaissance du cumul des discriminations. C Delarue

dimanche 22 octobre 2017, par Amitié entre les peuples

PLURI-EMANCIPATION ALTERMONDIALISTE

Construire un mouvement social sur la base de la reconnaissance du cumul des discriminations est nécessaire.

Mais l’existence des intégrismes religieux doit être reconnu et combattu.

Il s’agit bien de prendre acte des revendications sociales issues du peuple, des classes populaires, des travailleurs et travailleuses, précaires ou non, et d’une fragilisation d’une fraction du corps social du fait de mesures gouvernementales privilégiant le patronat mais aussi, en même temps, de bien retenir les discriminations sexistes et les discriminations racistes et d’autres encore. Le cadre géopolitique - et notamment les rapports Nord-Sud - mérite d’être aussi intégré à l’analyse comme dans « Urgence antiraciste - pour une démocratie inclusive » (1) , ce qui rend la démarche complexe et militante.

Il ne s’agit pas d’exclure les victimes mais il ne s’agit pas avant tout d’un mouvement de victimes surtout de victimes prédéfinies sur une base racialiste (qui ne saurait rassembler suffisamment). On ne saurait assimiler, au plan idéologico-culturel de masse, ce pays la France et les Etats-Unis. Ce denier a vu récemment des féministes dites intersectionnelles catalyser avec succès, là-bas, des luttes diverses . Ce n’est guère un modèle pertinent pour la France du fait de différences historiques et culturelles fortes. Les Etats-Unis, si on laisse l’histoire de côté, ignore la laïcité et privilégie la religion (serment sur la Bible). De plus ils reconnaissent la « race » et parlent de Black et de White ce qu’on ne fait pas massivement en France. D’ailleurs on dit Black en échos des Etats-Unis comme pour dire que nous nous mettons la couleur à distance pour éviter le racisme. On lutte contre la grossophobie sans nommer un ou une Gros-se et contre la maigrophobie sans nommer et figer une catégorie Maigre !

Ces différences d’approches n’empêchent pas le racisme d’exister. Le sexisme aussi, tout comme l’homophobie. Quand aux religions, certains, à droite comme à gauche, doivent bien comprendre que nous ne tolérons pas les intégrismes religieux, tous les intégrismes religieux sans exception. De même la préférence nationale contre l’humanisme est considéré comme une discrimination xénophobe largement portée par l’extrême-droite contre les migrants.

A propos de ce patriotisme lourdement identitaire il importe de s’opposer fermement à l’identitarisme, c’est à dire à la survalorisation des identités (on parle ici de crispation) et la guerre des identités figées (vues comme homogènes) , communautarisées, racialisées. Il convient, pour être précis, de refuser le suprématisme blanc et catho (de droite) mais sans soutenir pour autant son inverse, soit la perspective d’une possible France musulmane pour demain comme le dit Marwan Muhammad le leader du CCIF. On peut aussi critiquer à gauche - c’est le débat - Daniele Obono avec respect et sans vouloir son exclusion de parti ou d’antenne TV.

Par ailleurs les intégrismes religieux ne doivent pas passer, pas plus que le racisme sous toutes ses formes. En ce sens, nous considérons que la loi de mars 2004 n’est pas islamophobe mais un des dispositifs sérieux à défendre contre toutes les menées identitaristes religieuses de quelques confession qu’elles se réclament.

Christian DELARUE

Contributeur à :

1) - « URGENCE ANTIRACISTE - Pour une démocratie inclusive » (ouvrage collectif coordonné par Martine BOUDET aux éditions du Croquant mars 2017)

2) - « Pour une politique ouverte d’immigration » - Groupe Migrations d’ATTAC France - Ed Syllepse 2009