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Co-construction des rapports sociaux et déconstruction : voir des processus. C Delarue

samedi 20 mai 2017, par Amitié entre les peuples

Co-construction des rapports sociaux et déconstruction : voir des processus.

Daniel Kergoat explique depuis longtemps que les rapports sociaux se co-construisent. Dand un entretien IRESMO intitulé « Articuler les luttes contre les différents rapports sociaux inégalitaires » - ou elle évoque la consubstantialité et la coextensivité des différents rapports sociaux qui forment la société (1) - elle dit « le genre construit la classe et la race, la race construit la classe et le genre, la classe construit le genre et la race ». Mais y a-t-il homologie entre ces différents rapports sociaux ? Cette présentation ternaire courante désormais cache aussi une différenciation internes des dominations. Le sens générique de domination se précise sous sous plusieurs formes : exploitation économique, domination sexiste, oppression raciste qui se combine de façon complexe.

Si l’on parle en termes de processus et notemment de processus de construction (déconstruction aussi ?) alors ne devrait-on pas dire racialisation à la place de race et de dé-racialisation lorsque ce processus décroît. Il faudrait faire de même pour genre et classe mais les mots manquent. Et lorsque les processus sont plus intenses et que la domination (au sens générique) s’accroît alors on pourrait évoquer du classisme, du sexisme et du racisme. Lorsqu’ils s’affaiblissent et que l’égalité est plus réelle il faudrait aussi pouvoir le dire, mettre des mots sur le réel ou l’on a des processus divers et contradictoires et un état (la photographie) . Il faut noter aussi qu’il y a d’autres rapports sociaux qui forment des sous-continents des premiers mais qui se spécifient car ils apparaissent avec leur nuisances propres : âgisme (jeunisme), intégrisme religieux, sexoséparatisme comme sous-culture qui apparait (ou disparait), homophobie (dont on parle de plus en plus car il y a une montée en puissance de cette stigmatisation), etc.

Dire que certaines politiques accentuent la dureté des rapports sociaux de classe et d’autres en diminuent la dureté c’est mettre l’accent sur les processus et relativiser une vision statique qui essentialise les rapports sociaux de classe en disant, par exemple, que quasiment de tout temps (sous le mode de production capitaliste, ce qui renvoie à une histoire et non une nature éternelle) le patron exploite l’ouvrier (le travailleur salarié ) car il est contraint de dédager de la plus-value. Mettre l’accent sur un état - ici le rapport social capital/travail en soi - empêche relativement (pas toujours heureusement) de voir les modalités réelles d’extorsion de la plus-value, lesquelles peuvent plus intenses ou plus atténuées selon le contexte.

La dé-essentialisation ou la dé-naturalisation participe d’une dé-dogmatisation des façons d’appréhender le réel. Idem pour le sexisme et le racisme qui se modifient plus encore. Il y a pour certaines femmes « concentration dans certains postes ou secteurs de personnes migrantes ou issues de l’immigration, dans le cadre d’un marché de l’emploi segmenté. On assiste en effet à une différenciation et à une hiérarchisation de l’accès au marché du travail en fonction de la nationalité et de l’origine, au regard des secteurs d’activité, des statuts, des rémunérations, des horaires et au niveau du déroulement des carrières » (cf ci-dessous 2 - Francesca Scrinzi « racisation du marché de l’emploi »)

Christian DELARUE

1) “Articuler les luttes contre les différents rapports sociaux inégalitaires” - IRESMO

https://iresmo.jimdo.com/2011/08/03/articuler-les-luttes-contre-les-différents-rapports-sociaux-inégalitaires/

2) Francesca Scrinzi in Quelques notions pour penser l’articulation des rapports sociaux de « race », de classe et de sexe

« L’expression « racisation du marché de l’emploi » fait référence à des processus similaires. Cette expression désigne la concentration dans certains postes ou secteurs de personnes migrantes ou issues de l’immigration, dans le cadre d’un marché de l’emploi segmenté. On assiste en effet à une différenciation et à une hiérarchisation de l’accès au marché du travail en fonction de la nationalité et de l’origine, au regard des secteurs d’activité, des statuts, des rémunérations, des horaires et au niveau du déroulement des carrières. »

https://cedref.revues.org/578

autre extrait : l’auteure parle ici en termes de logiques et il note une logique hiérarchisante et sexoséparatiste (par secteur ici et non globalement) à propos de Mme Kergoat : « la séparation (il y a métiers d’homme et métiers de femme) et la hiérarchisation (les métiers d’homme sont mieux rémunérés, protégés et socialement considérés que ceux de femme : lorsqu’un secteur se féminise, il subit en même temps un déclassement en termes de qualification et de niveau des salaires) (Kergoat, 2005) ».