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Changer les banques : L’argent s’y accumule massivement. C Delarue

dimanche 5 septembre 2010, par Amitié entre les peuples

Changer les banques : L’argent s’y accumule massivement.

Promouvoir ici et ailleurs des changements en rupture avec le système.

La monnaie fiduciaire ou scripturale (« l’argent ») ne fait pas défaut contrairement à ce que dit parfois le sens commun qui abonde dans le sens de l’austérité à l’encontre des travailleurs salariés et plus largement encore parfois à l’encontre des peuples-classe. L’argent s’accumule dans les banques comme s’accumulent les marchandises sur les marchés des biens et services. Les banques des paradis fiscaux en accumulent beaucoup et pour des usages illégaux et illégitimes.

1 - ACCUMULATION MASSIVE

On a vu les sommes impressionnantes dégagées par les Etats pour sauver les banques privées il y a deux ans. On sait encore les sommes récemment accumulées par le CAC 40.

Cet argent accumulé vient des profits dégagés par la production et de la vente des biens produits sur les marchés. Ce sont les travailleurs des entreprises capitalistes qui produisent ces montagnes d’argents comme ils produisent beaucoup de marchandises. Le profit financier est pompé sur la force de travail et va sur les comptes des grands actionnaires et assez peu « dans la poche » de celles et ceux qui en sont à l’origine.

Les travailleurs ne créent pas de la monnaie à proprement parler, mais sans production pas d’argent. Le problème est que cet argent s’accumule surtout sur les comptes bancaires des capitalistes et sur les comptes des grands cadres des firmes multinationales. Ils servent alors à l’appropriation des biens marchands de luxe et secondairement à l’investissement dans la sphère de la production.

2 - BANQUES A CHANGER partout y compris ici.

Les banques sont des organes capitalistes de la société civile qui, outre leur pouvoir de création monétaire, collectent l’épargne et distribuent du crédit. Mais à qui ? Les banques privatisées n’ont pas de mission de service public ni de cahier des charges et donc n’agissent pas dans le sens de l’intérêt de tous car elles sont tournées vers la rentabilité financière et la spéculation. Même les banques coopératives n’échappent pas totalement à l’emprise des marchés financiers. Elles servent alors les possédants du plus possédant au moins possédant . Être insolvable revient à en être exclu.

Le changement à promouvoir porte au plan national, continental et mondial. Au plan mondial il importe de lutter contre les paradis fiscaux et bancaires. Au plan européen il importe de changer la BCE ainsi que les institutions politiques (1)

3 - « CASSER LES REINS » DE LA FINANCE (P Khalfa)

Pour empêcher les dérives de la finance et mettre leur pouvoir au service de l’intérêt général il importe non seulement de ne plus vouloir « rassurer les marchés financiers » mais au contraire d’ôter aux financiers les mécanismes d’accumulation et d’investissement de la finance . Pour ce faire, outre l’institution des taxes sur les transactions financières (TTF) proposées par ATTAC un certain nombre de réformes de rupture avec l’existant sont à introduire :

 Séparer les banques de dépôts et les banques d’affaires. Proposer d’en faire un principe fondateur contre la « république bananière » tant en France qu’en Europe.

 Nationaliser les principales banques pour introduire la décision politique (mais pas pour socialiser les pertes). Il s’agit d’une démarche contraire à celle du gouvernement à l’encontre de La Poste.

 Créer un pôle public bancaire autour de la Caisse des Dépôts et Consignations (2). La CDC est selon Jean-Philippe Gasparotto (CGT CDC) « la dernière grande institution financière publique française ». Elle mérite mieux que son démantèlement néolibéral.

 Refonder l’épargne populaire (Livret A)

4 - QUELLE SOCIALISATION ?

Par la société ? Les mesures d’appropriation publique doivent être accompagnées de mesures d’appropriation sociale au profit des représentants des personnels et de ceux des usagers. Sur ce point on peut renvoyer aux propositions de Yves Salesse (3)

Pour la société ? Une réforme de rupture avec l’existant permettrait de sécuriser et développer l’épargne afin de l’orienter vers le financement de « l’économie réelle » - la sphère productive - et parmi elle de l’économie publique celle des services publics. Une telle orientation va à contresens de celle actuelle qui voit cet argent aller vers la spéculation et vers les acteurs de la finance. Satisfaire les besoins sociaux et non le « parasitisme » prédateur des financiers sur la production tel est l’enjeu.

5 - S’UNIR, FAIRE FRONT.

Pour réaliser cela un vaste mouvement populaire est nécessaire. On ne saurait imaginer une réussite de la mobilisation sans alliance des syndicats, des associations d’usagers, des associations citoyennes altermondialistes. Cela suppose aussi un compromis gagnant entre les « coopérativistes » pro-NEF (4) et les syndicats de fonctionnaires.

Une transcroissance des luttes au-delà de chaque cadre national est aussi nécessaire. Elle passe par la coordination des luttes en cours contre les politiques d’austérité en Europe.

Christian Delarue

Membre d’ATTAC France et de la CGT Finances publiques 35.

1) Europe, sortir de l’emprise des marchés Pierre Khalfa in Les Temps Nouveaux n°1

2) Le rôle du secteur bancaire et financier Jean-Claude Branchereau et Jean-Marie Roux in LTN n°1

ainsi que Pour un pôle financier public -J Cossart, JM Harribey, D Plihon

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article418

Crise : des altermondialistes veulent une nationalisation générale du crédit (AFP)

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article432

*Refonte et socialisation de la finance

Exrait d’un texte paru sur contretemps.eu

http://www.contretemps.eu/interventions/il-existe-alternative

Une refonte du secteur financier est urgente. Mais une réglementation, si elle est importante, ne suffira pas : les institutions financières ont fait la preuve de leur extraordinaire capacité d’innovation pour contourner les règlements. La finance est un secteur essentiel qui ne peut être laissé aux préoccupations à court terme du profit privé. De fait, ce secteur a déjà été très largement nationalisé, mais de manière absurde, en étouffant toute voix publique, et les prises de participation publiques vont être privatisées à nouveau dès qu’il y aura des repreneurs. La crise a démontré que les grandes banques privées usent et abusent de l’avantage que leur procure le fait d’être « trop grands pour faire faillite » (/too big to fail/).

Pourtant, financer les nouveaux investissements socialement utiles, par exemple dans le secteur de l’énergie est un défi majeur. Cela implique de bâtir un secteur financier public, ce qui ne peut se limiter à la propriété étatique, mais passe par une propriété collective avec la participation des travailleurs et des autres acteurs concernés par les décisions. Un tel secteur financier socialisé doit garantir la transparence des comptes. C’est seulement en se fondant sur une telle structure que les réglementations financières pourront aboutir à des résultats socialement souhaitables : un contrôle effectif de toutes les institutions financières, la responsabilité réelle de ceux qui prennent les décisions, des capitaux pour les besoins anticycliques et l’élimination des opérations hors bilan, comme le suggère par exemple ATTAC2

Sur la CDC : Ce que propose la CGT de la CDC.

http://www.uscd.cgt.fr/spip.php?article124

Voir aussi CGT Finances de sept 2008 ou

http://www.finances.cgt.fr/spip.php?article878

3) « Réforme et révolution , proposition pour une gauche de gauche » d’Yves Salesse.

4) Depuis la réforme de La Poste, la NEF est très valorisée dans ATTAC bien que pas vraiment une banque et non présente localement.