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Ce qui est réprimé par le fascisme - Christian DELARUE

mardi 29 mars 2022, par Amitié entre les peuples

Contre l’autoritarisme et pour la liberté des peuples et fractions de peuples.

Voyons ce qui est réprimé par le fascisme ou par des Etats autoritaires proches du fascisme quoique de nature différente, à composante religieuse ou non (1).

Il y a du « bougé » sur certains points qui sont donc à discuter comme par exemple la laïcité. Mais l’étude de tous les fascismes ayant existés dans le monde (faite par des historiens et résumée jadis pour le MRAP ) montre l’existence de points communs. Le fascisme étudié au Japon n’est pas celui connu en Italie, etc ... mais on trouvera des similitudes.

I - Les luttes SOCIALES sont réprimées ou très fortement encadrèes :

Ces trois pratiques sociales sont connues pour exprimer des modes de résistance des travailleurs ou des peuples.
1 - Les manifestations de rue sont interdites ou très encadrèes, sauf celles en faveur du régime (Marche sur Rome ou sur Varsovie)
2 - Le syndicalisme de lutte des travailleurs et travailleuses sans considération d’origine est lui aussi réprimé surtout si de facture internationaliste ou anarchiste ou marxiste ou se réclamant de la Charte d’Amiens (1906), mais pas le syndicalisme « maison », de négociation corporatiste ou intra-communautaire
3 - Les grèves sont interdites ou très limitées

En complément on a souvent :
 Le communautarisme d’entreprise ou celui de la nation comme englobant survalorisé afin d’effacer la conflictualité interne.
 Le racisme est aussi fréquent contre des cibles variables
 Les volontés de colonialisme et d’empire sont courantes
 La police et la justice sont aux ordres des puissants

II - Les luttes POLITIQUES sont aussi réduites et réprimées :

1 - Les partis politiques d’opposition sont interdits ou bâillonnés
2 - La liberté de la presse n’existe pas et le journalisme critique est refusé,
3 - Les méthodes de fort discrédit d’opposant-e (humiliation) laisse place à enlèvements, emprisonnements voire éliminations.
4 - La corruption n’est pas combattue
5 - Les politiques de clans sont soutenues car la division et le favoritisme servent d’appui

III - Divers mouvements d’EMANCIPATION issus souvent de la modernité sont interdits ou bridés

Les thématiques interdites peuvent varier mais il y a souvent cumul. Une liste à préciser :

1 - La défense de l’athéisme ou d’une autre religion que celle dominante : pas de droit possible pour le blasphème,

2 - La défense de la laïcité est repoussée, ou ne visera qu’une seule religion

3 - La défense du droit des femmes en termes d’égalité et de liberté est refusée par préférence pour une forme de patriarcat,

4 - La défense du droit des homosexuels, des lesbiennes, des transsexuel-les, des LGBTQI est aussi refusée,

5 - La défense de moeurs plus libres : interdiction du nudisme dans la plupart des dictatures à composante religieuse et police du vêtement surtout contre les femmes.

6 - La défense du cosmopolitisme, notamment celui par en-bas, déplait aux nationalismes autoritaires,

7 - La défense du droit à la vie des animaux est réprimée (mouvements contre la souffrance animale par exemple).

8 - La défense de la paix partout dans le monde est contestée (mouvements contre le nucléaire militaire par exemple).

9 - Les mouvements écologistes sont récupérés quand c’est possible, réprimés lorsqu’ils sont trop contestataires.

Christian DELARUE

1) Militant antiraciste et antifasciste - mais pas historien - dans la lutte contre l’autoritarisme et pour les libertés.

La difficulté vient qu’on trouve en France deux camps opposés : un qui lutte contre l’islamisme mais reste fort peu actif contre le néo-fascisme base intensité (2) qui monte sous Macron et ce depuis Sarkozy au sein de la Police notamment et un autre camp qui au contraire se tait sur la montée d’un islam intransigeant, - le terme intransigeant est ordinairement employé pour définir les intégrismes religieux - et qui fustige, à raison, les violences policières, le racisme dans la police, la présence de néo-nazis non inquiétés (cf Basta) .

On sent, hors de l’islamisme, que quelque chose de pourri, qui relève tout à la fois d’un virilisme patriarcal et du darwinisme social (Spencer dirait Patrict Tort), monte en France (et ailleurs) sous couvert de néolibéralisme, de turbo-capitalisme post-confinement, de « thatchérisation du monde » et cela reste encore assez peu combattu.

Il reste que pour le moment - çà peut changer au fil des débats - nous ne parlons pas d’l’islamofascisme ni d’ailleurs de judéofascisme pour les composantes dites fascisantes des religions notamment de l’islam mais pour autant il hors de question d’ignorer les tendances réactionnaires, historiques, généralisées et lourdes, quoique variables en intensité, des religions, allant de l’intégrisme religieux sévissant au sein de la société civile (cf les campagnes d’hidjabisation) à l’autoritarisme investi dans la société politique.

Cf sur ce point notre texte (trop réduit à notre gout) sur le sujet dans l’ouvrage collectif coordonné par Martine Boudet : Urgence antiraciste - Pour une démocratie inclusive (édition du Croquant - mars 2017) : Altermondialisme et antiracisme vs islamisme radical et intégrismes religieux . Christian Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/Altermondialisme-et-antiracisme-vs-islamisme-radical-et-integrismes-religieux

2) Dans un débat ancien (au milieu des années 80) Pierre-Yves Salingue me reprochait - amicalement - de parler de néo-fascisme au lieu de fascisme pour Le Pen (qui avait crée son parti en 1972). Il avait raison . Depuis les historiens se disputent sur le fait de savoir si il y a eu ou non une perméabilité au fascisme en France. Comme militant la frontière théorique n’est pas décisive puisque les maux des dictatures proches du fascisme sont à combattre.

Le livre de ma jeunesse antiraciste et antifasciste est « Les fascismes » d’Henri Michel (1907-1986) au PUF Que-sais-je ? (1977 puis 1983) qui me fut utile pour le « fond commun » du fascisme et la diversité des fascismes. Il cite par exemple Mustapha Kémal pour la Turquie mais évidemment pas (l’auteur est mort en 1986) le régime du président Erdoğan or ce dernier outre sa pratique dictatoriale définit nettement « l’islamisation comme entreprise de conquête » :
Il y a 20 ans, en décembre 1997, M Erdoğan donne un condensé de la doctrine de l’islamisation.
"Le 21 avril 1998, Erdoğan est condamné à une peine de 10 mois de prison, pour avoir, lors d’un meeting le 6 décembre 1997 à Siirt dans l’est du pays, repris une citation du poète nationaliste Ziya Gökalp qualifiée d’incitation à la haine : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats » - Et il met en pratique ses idées !

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/230218/islam-pourri-les-campagnes-dhidjabisation

Lire aussi pour les dictatures du sud de l’Europe proches du fascisme (Portugal de Salazar, Espagne de Franco, Grèce des colonels) mais à composante cléricale et-ou militaire : « Les dictatures européennes » . André & Francine DEMICHEL (plan) PUF 1973 - plan sur Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Les-dictatures-europeennes-A-F?var_mode=calcul