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Ce que vaut Val. A propos de « Malaise dans l’inculture » . L Bantigny

mercredi 13 mai 2015, par Amitié entre les peuples

Ce que vaut Val. A propos de « Malaise dans l’inculture »

le 08 MAI 2015 | par Ludivine BANTIGNY

Philippe Val, quel intérêt ? Quel intérêt à le lire et à écrire sur le sujet, pourrait-on se dire. Il publie un mauvais livre chez Grasset, fait deux-trois tours dans les médias et puis voilà – et puis s’en va ? Mais non : en réalité, il semble qu’il y ait lieu de s’y attarder un peu, pour ce qu’il représente. Tout en se réclamant officiellement de la « gauche », il est l’un de celles et ceux, de plus en plus nombreux, qui importent dans cette supposée et auto-proclamée « gauche » des idées délétères et réactionnaires. L’offensive est majeure, plus ou moins subtile, brutale et frauduleuse : elle vise à acclimater dans l’opinion de prétendues évidences et à les faire passer pour telles, par une plate opération de naturalisation.

Naturalisation est bien le mot, quand ces auteurs parlent, parlent et parlent encore de la société sans dire un mot du social : un tour de force. En fait, il ne s’agit bien sûr pas d’un oubli, mais d’un dédain souverain pour la réalité sociale. Cette indifférence condescendante s’accompagne tout à la fois d’un aveuglement sur ce que sontvraiment les difficultés, les injustices et les terribles disparités de nos sociétés, et d’une hostilité revendiquée à l’encontre des disciplines qui entendent les analyser : les sciences sociales en général et la sociologie en particulier.

Philippe Val, avec son livre Malaise dans l’inculture, est le dernier représentant en date de ce courant[1]. Fort de ses nombreux réseaux, l’ex-président de France Inter se répand dans les médias pour dire sa haine du « sociologisme » qui serait, selon lui, la plaie d’aujourd’hui. Val jadis fut un bon humoriste : on en concevrait presque de la nostalgie. Car ce donneur de leçons assène ses vérités, y compris l’injonction à être drôle, sans jamais l’être quant à lui. Il faut bien le dire : cette lecture est un pensum. Certes, on en retient une phrase heureuse, à l’entame de l’ouvrage, mais elle n’est même pas de lui – elle est de Wolinski… : « le rire est le plus court chemin d’un homme à un autre ». On ne rit pas, pourtant, à lire Val ; on désespérerait presque, si ce genre de livre sans style et sans talent ne donnait toujours davantage envie de s’insurger contre ces faux-monnayeurs de l’essayisme qui envahissent les librairies, les ondes et les écrans.

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http://blogs.mediapart.fr/blog/ludivine-bantigny/080515/ce-que-vaut-val-propos-de-malaise-dans-linculture?