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Blâme de la victime ou Nul n’est complètement victime !

jeudi 10 octobre 2019, par Amitié entre les peuples

Le Blaming-victim (Blaming the victim)

« Blâme de la victime » ou « Nul n’est complètement victime » !

Ce mécanisme est venu de l’antiracisme et il est passé à l’antisexisme (avec une terminologie anglaise).

On cherche souvent des failles chez celui ou celle qui vient de subir un méfait ou une violence. Lorsque c’est lourd et faux c’est évidemment mauvais pour la victime ! Et avantageux pour le responsable ! Mais même en mode léger le « blaming-victim » est nocif si la violence a été grave : exemple : viol.

Les victimes de viol elles-mêmes peuvent penser et pensent souvent leurs propres comportements comme la raison de leur victimisation.

Blaming the victim de George KENT qui cite William RYAN ayant écrit bien avant lui sur le même sujet.
http://www2.hawaii.edu/~kent/BlamingtheVictimGlobally.pdf

Qu’est ce qui favorise le « elle l’a cherché » ?

On trouve d’abord une sous-estimation des pratiques sexistes, racistes, homophobes. Moi-même j’ai évoqué une « sub-culture du viol » pour ne pas dire « culture du viol » qui laisserait entendre que partout en toute société, chez tout homme - et non pas une fraction - existerait une tendance au viol .

Il y a aussi le rôle - variable - joué par les institutions.

Comment çà marche ?

1 - La croyance en un monde juste

L’hypothèse du monde juste, est un biais cognitif décrit par le psychologue social Melvin J. Lerner qui vous dit en résumé : « on obtient ce qu’on mérite ou mérite ce qu’on obtient. »

La théorie de Lerner est que la croyance en un monde juste est d’une importance cruciale pour le maintien du bien-être d’un individu. Étant cependant confronté tous les jours à un monde apparemment injuste, à des gens souffrant sans raison apparente, l’individu utilise des stratégies pour éliminer cette menace envers sa croyance en un monde juste.

C’est à la suite des travaux de Stanley Milgram sur l’obéissance à l’autorité, que Lerner a cherché à montrer comment les régimes faisant usage de violence peuvaient conserver le soutien populaire et comment la population pouvait en venir à accepter des normes sociales et des lois qui produisent misère et souffrance

2 - Réduire l’inconfort

La motivation première ne serait pas d’accorder les événements à sa croyance en un monde juste mais de réduire l’état d’inconfort causé par l’empathie. Des études ont montré que si des individus dénigrent des victimes, cela ne les empêche pas de leur venir en aide par la suite, et que l’empathie a un rôle important lorsqu’ils leur jettent le blâme.

3 - Le droit peut favoriser un élément fautif chez la victime

Pour le dire brièvement, la faute de la victime est un régime juridique qui permet à la personne désignée comme responsable d’un dommage causé de s’exonérer en toute ou partie de la réparation de ce dommage en utilisant le comportement de la victime. Si ce comportement a été fautif, la jurisprudence décide en effet que le défendeur à l’action en responsabilité civile peut être exonéré.

Christian DELARUE