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Avant 1945 : De l’insécurité sociale à la sécurité sociale. Christian Delarue

dimanche 25 octobre 2020, par Amitié entre les peuples

Avant 1945 : De l’insécurité sociale à la sécurité sociale.

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A l’heure ou émerge l’idée d’une nécessaire campagne de longue durée pour reconquérir la Sécurité sociale il nous semble utile de revenir sur ses premiers pas . Mais pour comprendre toute la valeur d’un dispositif institutionnel de type Sécurité sociale, tel que mis en place en 1945-46 en France, il importe non seulement de s’intéresser à sa mise en place - ce qui est très important et peu fait même si çà bouge sur ce point en ce moment avec les 75 ans de la Sécu - mais aussi à l’émergence de la notion de « protection sociale » après 1789 et durant tout le XIX ème siècle et ensuite avec la première moitié du XX ème siècle.

Cette émergence de la notion de nécessaire protection sociale s’appuie sur le besoin de mécanismes de solidarité contre les divers moments de fragilité et de dureté de la vie ouvrière à cette époque, dureté qui n’a rien de naturelle. Cette notion forte d’un degré supérieur de civilisation a pris consistance dans des luttes sociales tout à la fois contre le patronat et contre l’Eglise car pour ces derniers soit il y avait simplement à prendre acte de la lutte individuelle pour la vie (darwinisme social avant l’heure) avec tout son cynisme et sa barbarie, soit il fallait se satisfaire de la seule charité chrétienne avec toutes ses limites.

C’est bien pendant le XIX ème siècle que les ouvriers, vivant dans l’insécurité et la misère, durent par des luttes, imposer l’idée de « protection sociale » comme solidarité organisée et même solidarité auto-organisée pour les invalidités, les maladies, les fragilités de l’âge, etc... face aux insuffisances manifestes de la charité. La charité c’est tout ce que proposaient tout à la fois l’Eglise et le patronat face aux risques, aux maladies. Il était rare qu’ils aillent plus loin sans rapport de force. D’un côté on avait donc les oeuvres de charité de l’Eglise et de l’autre les oeuvres ouvrières sous forme de mutuelles couvrant les risques de la vie.

C’est de ces luttes sociale durant le XIX ème siècle que les les premières lois sociales apparurent au XX ème siècle. Citons-en deux : 1) La loi de 1910 sur les premières retraites ouvrières et paysannes était fondée sur la capitalisation et n’était effective qu’à partir de 65 ans, âge ou beaucoup d’ouvriers et paysans mourraient. En effet, peu de travailleurs vivaient tardivement comme de nos jours en France. 2) La loi de 1928 a instauré un système d’assurance sociale pour la maladie, la maternité, l’invalidité, la vieillesse et le décès mais pour les seuls bas revenus.

Ce qu’il convient de signaler, c’est qu’au sortir de la guerre, avant d’évoquer le CNR, il y a eu une réelle expérience historique et sociale de systèmes de protection sociale mais d’une grande fragilité car l’ensemble n’était ni général ni obligatoire car assurantiel. Le système était donc loin de satisfaire les besoins et c’est tout le mérite du CNR de 1943 de mettre en place un plan complet de Sécurité sociale, complet et universel géré par les cotisants. Complet car tous les risques sont prévus et universel car prévus pour les ouvriers et leurs familles mais aussi pour les autres professions indépendantes, les artisans et paysans (qui n’en voulurent pas).

Christian Delarue

Convergence des SP (CA) - St Etienne oct 2020