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Atelier pour l’autogestion 11 : le débat

dimanche 10 août 2008, par Amitié entre les peuples

FSE 2003 - Atelier pour l’autogestion

LE DÉBAT

http://www.atelierspourlautogestion.org/

Christian Delarue :

Je suis syndicaliste dans la Fonction Publique d’Etat. La question de la haute fonction publique d’Etat pose plusieurs problèmes :
 quel plafond salarial ?
 quelle intervention des usagers ?
 le paritarisme : ne devrait-il pas être modifié si la gauche revient au pouvoir ?
 la question du « pantouflage » Ces passages dans le privé, avec retours dans le service public favorisent des réformes favorables au capital.

Isaac Joshua :

Un point important et unanime : l’autogestion est plus un culture qu’une orientation politique, c’est une forme d’éducation populaire des travailleurs. Le problème fondamental de l’autogestion c’est l’Etat, on ne peut pas se contenter de le subvertir par le bas ; or l’Etat n’est pas neutre et n’est pas simplement un outil, c’est un Etat qui a une nature de classe, qui est hostile à l’autogestion. Ainsi le premier problème des autogestionnaires ce n’est pas l’autogestion elle-même, c’est plutôt le problème de la prise du pouvoir politique : la question du rôle des organisations politiques est donc posée, il ne faut pas seulement changer à la base mais aussi faire une nouvelle République. La Constitution de la 5e République réduit la participation populaire et la démocratie.

Sylvie Constantinou :

Je travaille dans l’économie solidaire. Ici on veut défendre absolument l’Etat ; or, dans l’économie solidaire c’est l’Etat qui est un obstacle, il se considère comme seul détenteur de l’intérêt collectif. Le projet de l’économie solidaire ce n’est pas seulement le développement social, c’est un vrai projet autogestionnaire (coopératives, etc...) qui s’oppose à l’opacité des décisions dans les entreprises.

Gilbert Marquis :

Ce que j’ai entendu jusque-là ne correspond pas à ce que je conçois comme étant l’autogestion. Il n’y a pas autogestion s’il n’y a pas synergie entre l’autogestion à la base et la prise du pouvoir : il y a nécessité d’un plan qui ne peut être mis en place par le capitalisme. L’Etat n’est pas neutre, il doit devenir favorable à l’autogestion et refléter la mise en place de l’autogestion dans la société (de plus, il peut y avoir aussi une crise politique sans lien immédiat avec un problème d’autogestion).

L’autogestion fait référence à trois expériences :
 les communautés agraires pendant la révolution espagnole : c’est un mouvement de masse de restructuration de la société.
 la Yougoslavie : là c’est un processus de résistance à Staline et au mouvement communiste international ; en 1950, Tito décide de s’appuyer sur la démocratie de masse, en donnant les usines aux ouvriers : élections des contremaîtres ; des chefs d’équipe, des directeurs...
 la dialectique révolution / autogestion à la base : ce sont les décrets-lois du gouvernement Ben Bella en Algérie, le gouvernement doit s’appuyer sur la base pour faire réussir ses perspectives et pour cela il stimule le processus autogestionnaire.

Ce serait donc une erreur de détacher le processus politique du processus d’expropriation du capital.

Catherine Samary :

Deux points sont restés implicites :

Quand on parle d’autogestion, on parle de quoi ? Il ne faut pas renvoyer la question des pratiques ou des expériences autogestionnaires aux « lendemains qui chantent », mais ça pose le problème des limites de ces expériences dans le capitalisme. Il y a donc nécessité d’une lutte contre le capitalisme dans son aspect international, mais aussi par rapport aux institutions nationales : à un moment donné, ces institutions bloquent les ingérences dans la propriété capitaliste ; il faut donc articuler luttes dans le système et luttes contre le système...

La question de l’autogestion dans une société socialiste ; l’autogestion, ce n’est pas seulement la gestion d’une entreprise locale, il faut aussi se donner les moyens de déterminer les grands chois nationaux : cela implique un changement de forme de l’Etat, et son articulation avec les expériences d’autogestion.
Paolo Roberto Leboutte :

Il y a deux processus de démocratisation à mettre en œuvre :

 la démocratisation de la politique (budget participatif)
 la démocratisation de la production

Ce sont deux processus de la même importance, qui permettent un passage de la démocratie bourgeoise à la démocratie directe. Cela est possible avec un parti s’identifiant aux travailleurs. Mais dans le secteur économique la situation est très différente : la législation ne permet pas aux travailleurs de pouvoir participer à la gestion des usines, cela se vérifie aussi dans des moments de crise ou dans des secteurs où le capitalisme a peu d’intérêts. Il y a ainsi une possibilité d’autogestion au niveau politique qui est plus développée qu’au niveau économique. Au Brésil, quand la travailleur pratique une autogestion des moyens de production, il s’implique dans le débat politique : ainsi la rupture de la démocratie représentative, et la recherche de la démocratie directe, sont deux facettes du processus d’autogestion. Notre but est de mettre en place des entreprises autogérées, c’est possible au Brésil : on a ainsi une série d’initiatives appelées « économie solidaire » avec des conséquences à tous les niveaux (y compris des cours d’étude sur l’autogestion dans les universités du Brésil !). Il est donc important de soutenir les entreprises en autogestion au Brésil.

A Porto Alegre notamment, il y a un processus autogestionnaire de création de revenus. Il prend deux formes :
 des coopératives autonomes créées par des gens ou des municipalités
 des entreprises en faillite reprises par les salariés Il est donc possible de faire de l’autogestion y compris avec l’existence de la Banque Mondiale et d’entreprises multinationales, le problème principal étant la concentration de la richesse par quelques personnes : il y a nécessité de mieux contrôler les informations, les revenus et le pouvoir. Conclusion : l’autogestion est possible, elle combine démocratie participative et démocratie représentative.