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Arles 2009 : « Imaginer les chemins pour dépasser le capitalisme » Aurélie Trouvé

lundi 24 août 2009, par Amitié entre les peuples

Aurélie Trouvé « Imaginer les chemins pour dépasser le capitalisme »

Altermondialisme . Selon Aurélie Trouvé, coprésidente d’ATTAC France, « nous sommes dans une crise systémique qui interroge les fondements mêmes du capitalisme ».

Aujourd’hui s’ouvre au Palais des congrès à Arles la dixième université citoyenne d’ATTAC France. Durant cinq jours, les 500 militants altermondialistes attendus vont plancher sur la crise dans une soixantaine d’ateliers thématiques et quatre grands forums.

Comme thème central de votre université d’été, vous posez une question surprenante : « Que faire du capitalisme ? » Vous hésitez entre le refonder et le dépasser ? Le moraliser et l’abolir ?

Aurélie Trouvé. En tout cas cette question n’a jamais été posée ainsi de façon frontale au coeur d’une université d’ATTAC. L’objectif est d’abord de s’interroger sur le capitalisme. Nous nous sommes toujours situés, à ATTAC, contre le capitalisme financier, une phase néolibérale, exacerbée du capitalisme. Mais nous sommes aujourd’hui dans une crise globale, une crise systémique qui interroge les fondements mêmes du capitalisme comme système d’exploitation des ressources humaines et naturelles. On pose aussi la question des alternatives. On ne veut pas seulement proclamer un souhait de dépasser le capitalisme.

Vous posez donc les questions plus globalement. N’est-ce pas vous mettre sur un terrain plus politique, qui dépasse un peu le terrain social, de mouvement d’éducation populaire, tel que vous l’avez conçu au départ ?

Aurélie Trouvé. Au contraire la question du capitalisme interpelle l’ensemble des mouvements sociaux et citoyens. C’est une question politique mais qui n’est pas circonscrite au champ des partis politiques. ATTAC, qui a un rôle d’expertise, doit poser centralement cette question et imaginer les chemins pour dépasser ce système. Depuis le début, l’association, qui milite pour une socialisation des richesses et une gestion collective des biens communs, se place évidemment dans la perspective de dépassement du capitalisme.

Un des prochains grands objectifs d’ATTAC, c’est le sommet de Copenhague en décembre sur le climat. Vous préparez un contre-sommet. Pourquoi et qu’y ferez-vous ?

Aurélie Trouvé. Le sommet de l’ONU à Copenhague en décembre sera décisif sur la question climatique. Les contraintes écologiques et plus précisément climatiques se posent pour l’ensemble des activités humaines sur la planète. Nous redoutons un accord minimal, bien en dessous des enjeux de cette crise climatique. Et surtout nous redoutons une emprise, une mainmise de la finance sur la question du climat à travers le marché carbone, le marché des « droits à polluer » décidé dans le processus de Kyoto. Pour Copenhague, nous exigeons que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient à la hauteur des enjeux. Les experts conseillent une réduction de 40 % d’ici à 2020, l’Europe propose - 25 % et les États-Unis - 10 %. Nous exigeons également une aide aux pays du Sud pour leur permettre de remplir leurs objectifs de réduction et d’affronter les dégâts actuels des changements climatiques. Et nous appelons à des interventions publiques très importantes pour mettre en oeuvre des politiques de reconversion qui permettent de limiter à la source les émissions polluantes.

Vous avez été un mouvement très attractif avant de connaître, il y a quelques années, un creux. Sentez-vous aujourd’hui un nouvel engouement ?

Aurélie Trouvé. La crise interne qu’a connue ATTAC est aujourd’hui dépassée. On est revenu à un fonctionnement serein et démocratique. On pâtit surtout d’une faiblesse de la gauche en général, pas seulement des partis, dans toute l’Europe. Hors d’Europe, le mouvement altermondialiste connaît un très fort élargissement social et géographique et le réseau ATTAC se renforce à l’échelle mondiale. En France, ATTAC se mobilise pour Copenhague, mais lance aussi des campagnes, notamment une sur les banques : « Je change ma banque ou je change de banque ». On veut que les citoyens soient acteurs dans leur façon de consommer comme dans leurs pratiques quotidiennes.

Entretien réalisé par Olivier Mayer