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Appel. La dérive du racisme*

dimanche 22 juin 2008, par Amitié entre les peuples

*Nous sommes des personnes - historiens, juristes, anthropologues, sociologues et philosophes - qui s’occupent depuis longtemps de racisme. Notre vécu, nos études et notre expérience professionnelle nous ont conduit à analyser les processus de diffusion du préjugé raciste et les mécanismes d’activation du racisme de masse. Pour ces raisons les évènements de ces derniers jours suscitent chez nous une vive préoccupation : Les agressions contre les campements Rom, les déportations, les incendies dégénérant en de véritables pogroms et les graves mesures annoncées par le gouvernement sous prétexte de répondre à la demande de sécurité exprimée par une partie des citoyens. Nous ressentons le danger que quelque chose de vraiment terrible puisse arriver, quelque chose de nouveau mais pas d’inédit. La violence raciste ne naît pas aujourd’hui en Italie. Comme dans le reste de l’Europe, elle a été, entre le dix-neuvième et le vingtième siècle, un corollaire de la modernisation du pays. Au cours de ces dernières décennies elle a été alimentée par une instrumentalisation politique des effets sociaux de la globalisation, à partir de l’augmentation des flux migratoires et des conséquences des énormes écarts de salaires. De toute évidence, au cours des dernière vingt années, la gravité de certains phénomènes a été sous estimée. Malgré les nombreuses alarmes lancées, on a banalisé la diffusion de mythologies neo-ethniques et on a voulu ignorer le retour des idéologies racistes de matrice clairement nazi fasciste. Mais aujourd’hui on risque un saut qualitatif dans la mesure où tendent à sauter les dispositifs d’interdictions qui ont empêché, jusqu’à présent, la réaffirmation d’un sens commun raciste et de pratiques racistes de masse. Les événements de ces derniers jours, souvent amplifiées et déformes par la presse, risquent de réhabiliter le racisme comme réaction légitime à des comportements déviants et face à des menaces réelles ou présumées.

Mais si dans l’imaginaire collectif, le racisme cessait d’apparaître comme un pratiques répréhensible pour assumer les traits d’un « nouveau droit » ; alors vraiment nous dépasserions un seuil crucial au delà duquel pourraient se déclencher des mécanismes incontrôlables. Nous voudrions que ce signal d’alerte soit entendu par tous, à commencer par les plus hautes autorité de l’Etat, par les administrateurs locaux, par les enseignants et les responsables de l’information La polémique politique ne nous intéresse pas. Le danger est trop grave au point qu’il peut mettre en danger les fondements même de toute cohabitation civile, comme déjà cela s’était passé au cours du siècle dernier - et alors déjà, les Roms furent parmi les victimes désignées par la violence raciste. Jamais comme aujourd’hui nous est apparu clairement à quel point Primo Levi avait raison de craindre que ce passé atroce puisse revenir*.

*** Marco Aime, Etienne Balibar, Rita Bernardini, Alberto Burgio, Carlo Cartocci, Tullia Catalan, Enzo Collotti, Alessandro Dal Lago, Giuseppe Di Lello, Angelo d’Orsi, Giuseppe Faso, Mercedes Frias, Gianluca Gabrielli, Clara Gallini, Pupa Garribba, Francesco Germinario, Patrizio Gonnella, Gianfranco Laccone, Maria Immacolata Macioti, Brunello Mantelli, Giovanni Miccoli, Filippo Miraglia, Giuseppe Mosconi, Grazia Naletto, Michele Nani, Salvatore Palidda, Marco Perduca, Giovanni Pizza, Pier Paolo Poggio, Carlo Postiglione, Enrico Pugliese, Anna Maria Rivera, Rossella Ropa, Emilio Santoro, Katia Scannavini, Renate Siebert, Gianfranco Spadaccia, Elena Spinelli, Ciro Tarantino, Giacomo Todeschini, Nicola Tranfaglia, Alessandro Triulzi, Fulvio Vassallo Paleologo, Barbara Valmorin, Danilo Zolo.

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