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Antiracisme et antisexisme ni de droite, ni de gauche. C Delarue

dimanche 7 septembre 2014, par Amitié entre les peuples

Antiracisme et antisexisme ni de droite, ni de gauche.

C’est celui qui refuse la stigmatisation de Najat Vallaud-Belkacem (NVB), comme de Rachida Dati ou Rama Yade.

Même la stigmatisation du « petit Sarkozy en talonnette » n’est pas nécessaire.

 Le verbe et la structure, la droite et la gauche.

L’antiracisme comme l’antisexisme, dans la mesure ou ils se rapportent à la structure historique et sociale inégalitaire de la société, notamment à ce qui relève encore du colonialisme et du patriarcat même si bien des choses ont changé, sont deux combats surtout portés par des individus et groupes progressistes, c’est à dire qui veulent changer profondément la société et le monde dans un sens beaucoup plus égalitaire, plus libre et plus fraternel. Les autres, plus modérés, se satisfont, au mieux, d’un antiracisme et antisexisme cosmétique et superficiel. Voire ils valident racisme, sexisme, homophobie, intégrisme, xénophobie, etc...

En effet, on trouve plus de gens conservateurs de l’ordre inégalitaire du monde à droite (politiquement) qu’à gauche. Il y a bien une ligne de démarcation, certes floue mais réelle, entre ceux et celle qui s’accommodent d’une triple inégalité - classiste (inégalités sociales), raciste (racialisation, communautarisation, ethnicisation des liens sociaux) sexiste (inégalités entre hommes et femmes, violence maintenue) . Ce qui infirme les hypothèses d’un Jean Robin (1) qui plaide pour un antiracisme de droite, contre un antiracisme de gauche, à partir de faits biaisés. Il ne dit rien du sexisme. Or l’un va souvent avec l’autre chez les individus spontanément grossier sur le registre inégalitaire.

 Religions divisées.

Et de croire en Dieu et d’appartenir à une religion, fut-ce une religion estimée « dominée » (islam), ne protège pas du racisme et du sexisme. Loin de là ! On trouve des progressistes mais aussi des conservateurs et des intégristes dans chaque grande religion : juive, chrétienne, islamique. Mon hypothèse de lecture m’incite à penser qu’aucune n’y échappe. Mais vu le très grand nombre de religion dans le monde (plus de 500 dit-on) je ne peux prouver cette hypothèse.

Il reste alors, comme antiraciste, le principe du refus radical de communautarisation ou globalisation amalgamante qui refuse les rapports sociaux internes qui n’est bien souvent qu’une racialisation et donc un essentialisme et un racisme.

Le complément logique du refus de la globalisation-amalgame qui s’est nommé d’abord « l’ethnicisation du lien social » (cf texte de J Costa-Lascoux) ou plus récemment de la « communautarisation-racialisation » conduit aisément dans un second temps à repérer les rapports sociaux interne en fonction de l’interprétation de la religion et surtout à procéder à des distinctions de courants, de franges, de secteurs internes à chaque soit-disant « communauté » religieuse. Car, d’expérience militante, le racisme communautariste instrumentalise la ou les « communauté(s) » pour mobiliser une frange ou un secteur spécifique, comme celui dit conservateur-intégriste. Cf Farida Belgoul (2)

 Accord sur le verbe.

Le mouvement antiraciste français (3) et de nombreuses associations féministes pourraient aisément être d’acccord sur cette position du refus de la stigmatisation de la personne sur ses origines et son apparence sexuée. Ce n’est pas négligeable. Car on trouve ces stigmatisations aussi bien à droite qu’à gauche et à tous les niveaux de la hiérarchie sociale, de l’employé de base au cadre et au patron.

Il existe donc bien un premier antiracisme et un antisexisme basique qui devrait être ni de droite ni de gauche. Antiracisme « moral » dira-t-on. Non il est aussi politique car il participe à un débat plus averti, plus élevé, de la chose politique. On ne stigmatise pas bêtement Rachida Dati ou d’autre femmes politiques de droite ou de gauche à partir de leur origines ou de leur façon de s’habiller. On doit pouvoir se battre à droite et à gauche pour cela, contre tous les « beaufs » racistes et sexistes. « Beaufs » que l’on retrouve chez les élus au plus haut niveau. Cf le machoscope de Médiapart. Ce qui est problèmatique. Car les élus tendent à être copiés.

Et, pour en venir à mon propos, après ce détour nécessaire, Il y a de quoi être étonné de voir que des gens de gauche et d’extrême-gauche peinent à admettre que ce qui s’est dit contre NVB constitue tout à la fois du racisme (une marocaine musulmane à l’Education musulmane pour Minute) et du sexisme (porter une jupe courte pour faire carrière). Les arguments avancés (4) se rapportent à la politique de Hollande ou aux choix politiques de NVB. Il suffit de critiquer les femmes comme les hommes politiques sur ce qu’ils disent et font et non sur sur ce qu’ils sont.

Christian Delarue

1) Enquête&Débat » Parution de “Pour un antiracisme de droite” de Jean Robin

http://www.enquete-debat.fr/archives/parution-de-pour-un-antiracisme-de-droite-de-jean-robin-95628#_ftn12

2) Athéophobie et homophobie de Farida Belghoul : « Athée, illettré, LGBT »

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/010914/atheophobie-et-homophobie-de-farida-belghoul-athee-illettre-lgbt

3) Texte de référence (en attendant mieux) : « Le mouvement antiraciste français »

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/130714/le-mouvement-antiraciste-francais

4) Voir les commentaires sous le texte de Mme Haas sur Médiapart.

Solidarité avec Najat Vallaud Belkacem

http://blogs.mediapart.fr/blog/carolinedehaas/040914/solidarite-avec-najat-vallaud-belkacem

Je précise ici au passage que l’on peut défendre les « sans dent » de façon complètement conservatrice en proposant la simple charité privée et publique, système qui laisse inchangé la structure inégalitaire de la société. Le Hollandisme peut proposer sans souci la charité publique comme la droite libérale peut proposer la charité privée. Les riches restent riches et les inégalités aussi fortes. Le néolibéralisme caractérise cette montée des inégalités de revenus et de richesses matérielles dans quasiment chaque pays (cf M Husson) et au niveau mondial. Combattre l’injustice sociale c’est attaquer franchement les plus riches dans le 1% d’en-haut et redistribuer vers le bas. C’est élever le bas et abaisser le haut. Les différences portent sur la façon on on procède pour le faire car il y a plusieurs façons. Et le faire est moins simple que le dire.

Par ailleurs on ne sépare pas combat social et combat sociétal. Sans favoriser les logiques identitaires qui séparent toujours un « nous » et un « eux », et en combatant nettement le front néo-conservateur-intégriste (F Belghoul) il importe de réduire le racisme et le sexisme ainsi que l’homophobie. Le volet patriotique-nationaliste-xénophobe n’est pas à oublier. Philippe Corcuff insiste sur ce point comme scientifique. Je le fais aussi comme militant.