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Altermondialisme : De la démocratie libérale à l’alterdémocratie. C Delarue

mardi 6 avril 2010, par Amitié entre les peuples

Altermondialisme : De la démocratie libérale à l’alterdémocratie.

Etapes (*) de la démocratisation.

Version améliorée sur LGS le 10 avril 2010.

LA DEMOCRATIE LIBERALE associe démocratie et marché. La démocratie libérale est circonscrite à l’expression électorale des citoyens( lesquels ne recoupent pas le peuple) et à la nomination d’élus dans le champ politique. L’idéologie dominante la nomme démocratie représentative. Ce mode de gouvernement passe de nos jours pour la forme la plus achevée de la démocratie. Les juristes et autres politologues se disputent simplement les moyens de l’améliorer mais la chose est entendue qu’il n’y a pas d’au-delà de cette démocratie. Cet au-delà qui a pour slogan « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » est nommé utopie.

Ce que la gauche a pu faire de réaliste c’est d’ajouter « à côté » de la démocratie représentative la démocratie dite« participative ». Cette autre démocratie s’apparente tantôt à un mode de gouvernance des élites locales tantôt à un réel processus de démocratisation locale. Dans les deux cas, on ne sort guère de la configuration de la démocratie libérale. Le modèle dominant reste donc la démocratie représentative pour la masse des citoyens. L’autre « complément » serait plutôt l’expression revendicative de la rue (les manifestations populaires) ajoutée à celle des urnes. Du côtés des dominants c’est l’activité des groupes de pression qui vient compléter la démocratie représentative.

Pour dépasser cette réalité, une logique de transformation sociale se doit de penser en terme de processus, de démocratisation. C’est ce qu’a proposé la commission « démocratie » d’ATTAC (1). Une telle perspective processuelle ne signifie pas abandon de jalons pour repérer les ruptures qualitatives, les « sauts » dans la démocratisation (2). C’est alors en un sens nouveau que l’on va parler d’alterdémocratie. Ce ne sera plus celle « à côté » mais plutôt celle « au-dessus », mieux celle globalisée ou englobante, qui embrasse tous les champs sociaux : le local, l’entreprise, la société civile, l’Etat. Une question complexe qui n’est pas sans jalons.

L’ALTERDEMOCRATIE au sens global est pensable sous deux formes : la sociale et la socialiste. On trouve à gauche, et notamment en France, un courant politique qui pose les jalons de la démocratie sociale. Dans cette perspective, la démocratie représentative est associée à des institutions sociales de type Sécurité sociale et à des mécanismes d’appropriation publique (3) d’entreprises avec une perspective de démocratisation qui peut combiner la démocratie délégataire (représentation tripartite : direction-personnel-usagers) et démocratie directe pour les grands choix de production . Autre point majeur, la démocratie sociale ajoute la question des droits civils, politiques et sociaux à la question de la démocratie représentative. Ces droits sont ici développés et mieux garantis.

Cette configuration démocratique peut être contenue dans un modèle social-démocrate d’économie mixte qui de fait laisse la logique du capitalisme dominer de nombreux aspects de la société. Mais si l’on raisonne en terme de processus et non d’état alors on peut penser à une troisième configuration démocratique, nommé démocratie socialiste, qui associe démocratie sociale et planification afin de réduire massivement la logique de profit dans la société.

L’alterdémocratie c’est alors la démocratie généralisée hors de la domination du capital. Elle s’épanouit sous le socialisme ou l’écosocialisme (4). Le socialisme fait prévaloir la logique de la valeur d’usage sur la valeur d’échange. Il construit les bases d’une économie non marchande en démocratisant tous les champs sociaux de la société. Ce n’est plus les critères de rentabilité et la solvabilité des individus face au marché qui est déterminante mais l’intervention citoyenne dans de nombreux services publics. L’intervention citoyenne est généralisée et active sous le socialisme. Cela suppose une importante réduction du temps de travail et un intérêt accru des individus à la chose publique. C’est à ce prix que peut devenir pensable la perspective de l’autogestion socialiste.

Christian Delarue

(*) Etapes ne signifie pas avancée inéluctable sans recul vers plus de participation et plus de droits sociaux.

1)Démocratie et transformation sociale : Douze thèses pour la réflexion d’Attac

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article683

2) Les cercles de l’émancipation par la démocratisation

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article690

3) Moins de propriété privée, plus de propriété publique et commune. C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article928

4) Ecosocialisme : O’Connor plus Lowy

Selon O’Connor, le but du socialisme écologique est une nouvelle société fondée sur la rationalité écologique, le contrôle démocratique, l’égalité sociale et la suprématie de la valeur d’usage sur la valeur d’échange. Mickael Lowy ajoute les conditions suivantes afin d’atteindre ces objectifs :
a) la propriété collective des moyens de production (le terme « collectif » ici signifie propriété publique, communautaire ou coopérative),
b) une planification démocratique qui puisse permettre à la société de définir ses objectifs concernant l’investissement et la production et
c) une nouvelle structure technologique des forces productives. Autrement dit, une transformation révolutionnaire au niveau social et économique.

in Écosocialisme et planification démocratique - La Brèche numérique

http://www.preavis.net/breche-numerique/article1682.html#nh4