Accueil > Altermondialisme > Altermondialisme / Internationalisme > Critiques, résistances et perspectives stratégiques > ATTAC, la gauche et les syndicats : Unir contre la droite et le MEDEF.

ATTAC, la gauche et les syndicats : Unir contre la droite et le MEDEF.

samedi 12 décembre 2009, par Amitié entre les peuples

ATTAC, la gauche et les syndicats :

Unir contre la droite et le MEDEF.

Il y a en matière d’unification-convergence un cercle infernal à combattre qui vire à l’aporie. Le combat contre l’ennemi de classe passe constamment par un combat interne entre partenaires-adversaires qui n’est pas un long fleuve tranquille. En ce sens, ces acteurs passent autant de temps à se disputer entre soi comme partenaires-adversaires qu’à combattre l’ennemi qui lui continue de gagner la «  guerre économique  » qu’il mène contre ceux d’en-bas. Ces derniers subissent en conséquence depuis plus de 20 ans des pertes lourdes en matière d’intensification du travail, de mal logement, de salaires insuffisants, de précarité, de chômage, etc. La crise de la globalisation qui a fait irruption en septembre 2007 a renforcé l’ampleur des dégâts sociaux et environnementaux.

S’il est avéré et reconnu par la majorité que le rouleau compresseur actuel contre les droits sociaux et environnementaux est mené par la droite et le MEDEF au profit de la classe dominante contre le reste de la population alors un premier pas important est fait pour sortir de la crise multiforme que nous subissons. Cela signifie simplement – mais ce n’est pas rien - que les techniques de diversion-division des grands appareils d’influence idéologique perdent de leur capacité à détourner les regards de ceux d’en-bas vers les pièges à abrutissement citoyen. Pour autant ce n’est qu’un premier pas, jamais totalement assuré au demeurant.

* Unifier, faire converger, la pratique de l’émancipation !

Reste donc à accomplir – dura lex sed lex – l’inévitable grosse tâche d’unification. En la matière, il n’y a pas que le peuple a être hétérogène il y a aussi les groupes mobilisateurs qui sont aussi sectorisés donc divisés. A l’exception d’ ATTAC qui embrasse largement contre la gouvernance néolibérale, la tâche d’unification revient pour l’essentiel aux acteurs divisés d’où la difficulté. La tâche d’unification a en effet pour acteurs principaux les syndicats de travailleurs salariés, les syndicats de travailleurs indépendants notamment dans l’agriculture, les partis de gauche, ATTAC et quelques autres groupes ou associations. Cette tâche d’unification procède par convergence de secteurs mobilisés. Elle est fonction des traditions historiques de chaque acteur de la mobilisation.

Le travail de la gauche, d’une gauche authentique, serait d’unir dans un projet d’émancipation les groupes ou couches sociales du peuple-classe ce dernier étant objectivement la classe par défaut, la classe résiduelle par rapport à la classe dominante. Le peuple-classe c’est le reste de la population avec ou sans papier, avec droit de vote ou non, salarié ou non. Ce travail de la gauche ressemble beaucoup à la tâche d’ATTAC mais sur un autre plan puisqu’ ATTAC ne s’occupe pas de la conquête du pouvoir d’Etat . ATTAC et l’altermondialisme partent à la conquête des droits - sans préoccupation tactique ni combine électoraliste - par la convergences des luttes sociales et environnementales au sein de la société civile, laquelle est clivée par de nombreux rapports sociaux. Le travail syndical a un objet relativement plus réduit quoique d’importance stratégique forte qui serait d’unifier les travailleurs du privé et du public sur des revendications communes et sur la convergence des forces mobilisables en fonction de la situation.

Ce travail de la gauche différent du travail syndical quoique complémentaire viserait à renforcer l’hégémonie du peuple-classe contre la classe dominante bien constituée en classe totale, ie à la fois en classe en-soi et pour-soi. Ce travail ne peut être celui de la droite qui défend toujours et en premier lieu la bourgeoisie, le MEDEF le tout sous couvert de défense de l’entreprise, de la libre entreprise, de l’économie de marché et de la Nation. Ce faisant, elle s’attaque aux droits des couches sociales dominées. Cette tâche de renforcement-unifification revient historiquement à la gauche mais avec ses ambiguïtés.
Une certaine gauche a oublié les rapports sociaux et s’est intégrée dans les ors et lambris de la République. Elle aussi annonce défendre l’entreprise et la Nation d’une façon qui ne la distingue guère de la droite. On peut évidemment défendre l’entreprise publique du point de vue des travailleurs salariés ce qui n’est pas la même chose que de défendre l’entreprise privée du point de vue des dirigeants et cadres supérieurs. Il est des oublis ou des valorisations sémantiques qui ne sont pas neutres !

* Ces «  compétents  » assis sur deux chaises !

Le problème de la gauche est qu’en son sein se trouvent des cadres supérieurs qui sans être à proprement parler des membres de la bourgeoisie forment la classe d’appui de cette classe dominante dans les entreprises privées et publiques et même dans l’appareil d’Etat. En son sein ce trouvent aussi des élus structurellement déconnectés qui forment une classe dirigeante distincte et séparée des citoyens. Cette classe dirigeante élue se rapproche bien souvent, via les structures de gouvernance locales, des membres de la classe dominante, de la bourgeoisie locale, du MEDEF local. Il en est de même au plan national.

Ce propos pourrait laisser entendre qu’il faille se positionner en extériorité complète par rapport aux institutions électives. La leçon de ces dernières décennies de la gauche révolutionnaire semble plaider contre une interprétation unilatérale soit en extériorité totale ou soit en écurie au service des élus et pour une interprétation dialectique de jonction entre citoyens et élus à partir de strictes conditions politiques.

Au plan démocratique, il importe de réformer le cumul des mandats pour les réduire mais sans en arriver aux excès de l’Amérique latine ou un bon président ne peut plus se représenter alors qu’il est soutenu par son peuple. Il faut trouver ici une voie moyenne, en équilibration.

C’est un débat à rattacher à celui de la rémunération des élus qui doit éloigner les élus de la condition d’être dans le besoin mais aussi du trop grand confort ; ce pour éviter qu’ils se prennent (ou qu’ils soient perçus) pour des bourgeois par un niveau de vie trop élevé : percevoir entre 3000 et 5000 euros semble une bonne mesure en France en 2010.

Christian DELARUE

militant altermondialiste

Portfolio