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ATTAC : Proposer au peuple-classe une alternative crédible et mobilisatrice. C Delarue

jeudi 23 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

Proposer au peuple-classe une alternative crédible et mobilisatrice.

Projet d’orientation d’ATTAC pour l’AG déc. 2009 à Grenoble.

Motivation des amendements.

1 - ATTAC ne s’adresse pas qu’à ses membres, personnes physiques et personnes morales, dans un estimable souci de rassemblement interne, qui peut parfois être délicat, difficile. ATTAC s’adresse surtout à la population et pour le dire plus franchement encore aux différentes composantes du peuple-classe sur notre territoire. Elle le fait en tant l’organisation engagée pour la transformation sociale globale sans participation à la conquête du pouvoir politique (étatique, infra-étatique ou supra-étatique) à l’instar des partis politiques.

2 - ATTAC s’adresse au peuple-classe à partir d’une analyse critique de la situation qui détermine une perspective qui se matérialise dans une orientation. Le projet d’orientation présenté par Aurélie Trouvé et Jean-Marie Harribey est riche d’un contenu qui ne donne pas dans la novlangue. Cependant on pourrait remarquer que les termes évocateurs de processus - se terminant souvent en « on » comme démocratisation, émancipation, réorientation, bifurcation, etc - sont plus courants que ceux qui indique une perspective, un « autre monde », une alternative globale à la crise globale.

3 - Ce manque de perspective se manifeste d’emblée dès le titre principal intitulé « Contre le monde-marchandise, développer la résistance et les alternative citoyennes et démocratique » . Remarquez que l’expression ordinaire de « marchandisation du monde » qui indique une dynamique générale est remplacé par « monde-marchandise » qui définit l’état actuel du monde, sa caractéristique essentielle. Or face à cet état ATTAC propose de « développer la résistance et les alternatives citoyennes et démocratiques ». C’est le moins que l’on attendait d’ATTAC mais c’est bien peu au regard de la période. L’enfouissement dans les multiples pratiques alternatives sans aucune perspective de transcendance sociale. Le titre est donc d’une grande modestie programmatique.

4 - Ce titre cache-t-il des propositions plus osées par ailleurs ? Une phrase peut gêner ceux qui avait encore des illusions : « La solution ne réside ni dans un retour impossible aux Trente Glorieuses, ni dans un »capitalisme vert« ... » A maintenir. Y-a-t-il autre chose qui fâche ? On pourrait nommer l’alternative en s’appyant sur les grand traits qui y sont nommés « L’émancipation humaine », « la démocratie », le « développement humain non capitaliste et non productiviste ». On pourrait même nommer cela socialisme. Ce n’est pas le cas. Ces termes non reliés sont donc d’une sobriété dans la perspective et d’une douceur bisounours qui dénote une timidité de perspective.

5 - On peine donc à lire très clairement une alternative systémique. Et si on veut la dessiner à partir de l’existant de ce texte on se trompe. Poser la perspective d’une alternative systémique n’est pas construire un programme de transition. Mais il peut y avoir confusion. La précaution a été prise ! En effet, le paragraphe suivant, précise qu’il « s’agit d’une démarche qui n’implique aucun préalable d’adhésion à un programme ou à une idéologie politiques préconçus ; elles résultera avant tout de pratiques de luttes » On ne peut pas dire que les précautions ne sont pas prises pour éviter une surpolitisation ou un entrisme dans ATTAC !

6 - La suite même de la phrase citée évoque la question des convergences. Ce terme évoque ordinairement la nécessite d’un rapport de force global pour réussir le changement. Il permet aussi de rassembler des projets divers et des luttes éclatées, clairsemées pour gagner la conscience d’une émancipation sociale globale faite d’émancipations diverses . Hors ici dans le projet, l’alternative - dont le terme est absent - ne procède pas de la conjonction des alternatives. Le terme « convergeant » renvoie à une série de faits qui mis bout à bout « heurtent les impératifs de profit et d’accumulation ». La phrase est d’ailleurs un peu contournée... précisément pour ne pas aller droit au but . Le souci est manifeste de poser la pluralité du possible sans jamais dire que nous voulons une autre société. C’est clair qu’il y a un tabou dans ce texte de ce point de vue.

7 - Voilà un document altermondialiste qui s’emploie à masquer le ciel de l’émancipation sociale ! Cela n’est pas sans effet. Point de sens, point d’idéal. Juste résister. Cela revient à couper les ailes des acteurs qui restent collés au sol, juste appelé à sortir de la boue productiviste mais sans savoir vers ou aller. En tout cas pas vers une autre configuration sociale .

8 - Il s’agit là semble-t-il d’un tabou par ailleurs constitutif d’un recul puisque l’altermondialisme est fondé sur la perspective d’un autre monde possible et nécessaire. Point de faux procès ce monde là est pluriel. Le fait qu’il soit au singulier renvoie à sa différentiation au monde existant avec toutes ces dominations, oppressions, exploitations. Le projet dit, sans préciser que l’émancipation humaine est nécessairement une émancipation sociale globale, que : « L’émancipation humaine a de multiples dimensions, celle du travail par rapport au capital, celle des femmes par rapport aux homme, celle du Sud par rapport au Nord, etc., aucune n’étant exclusive des autres, la première étant indispensable mais ne déterminant pas les autres. Il faudrait penser ici ajouter - amendement - le racisme au »classisme", au sexisme et à l’impérialisme. Et bien appeler néo-socialisme cette émancipation sociale dans sa diversité me semble possible en y ajoutant une démocratisation la plus étendue ainsi que toutes les revendications contenues dans ce projet. Y ajouter aussi la laïcité (cf amendement)

9 - A l’émancipation humaine dégagée des dominations de classe et sans oppression sexiste ou raciste s’ajoute plus loin un « développement humain non capitaliste et non productiviste » . L’orientation du projet est plus « anti » que « pour » , plus dans l’antimondialisation que dans l’altermondialisme.

10 - Il est précisé que « cela forme un projet cohérent et radicalement différent de celui imposé par le capitalisme ». Nous voici rassuré mais cela aurait été mieux en le disant et en inscrivant la perspective d’une alternative systémique, d’une alternative faite des alternatives.

11- In fine, on y est presque ! Il est écrit : "Attac doit être capable, en ce début du XXIe siècle marqué par la crise globale, de participer à l’exploration d’un (de) projet(s) alternatif(s) de société. L’inventaire de mesures, aussi exhaustif soit-il, ne suffit plus. Nous devons aller au-delà. Nous avons les tubes de couleurs. Il faut peindre la fresque ; la marchandise n’est pas l’avenir du monde.

Le jeu des parenthèses témoigne d’un art consommé du compromis et de la dialectique. Mais la dialectique ne sera pas malmené par ce double amendement.

* Amendements sur l’alternative.

1- Amendement : *26.0. Développement humain non capitaliste et non productiviste* 26.1. Toutes ces propositions et les campagnes pour les populariser forment un ensemble progressivement cohérent AJOUTER ICI que certains nomment « socialisme du XXIe siècle » et que nous appelons au regard de nos analyses théoriques « alternative systémique » ou en fonction de nos pratiques « alternative de convergence des alternatives ».

2 - Avant dernier paragraphe :
Attac doit être capable, en ce début du XXIe siècle marqué par la crise globale, de proposer la perspective d’une alternative sociale globale faite des multiples alternatives du mouvement altermondialiste.

* Amendements sur les alternatives.

3 - Amendement « contre le racisme » et « pour la laïcité » cité dans le corps de la motivation :

* ajout du racisme au « classisme », au sexisme et à l’impérialisme déjà pointés comme formes de domination et d’oppression dont l’émancipation humaine doit se dégager.

* ajout : En matière d’émancipation, tant sur les plans des libertés (notamment des femmes et des homosexuels), de l’égalité que de la démocratie, on ne saurait omettre la laïcité. C’est elle, qui dans le respect des croyances, bride l’emprise du religieux agissant soit « par en-haut », pour les religions disposant d’un appareil spécifique, soit « par en-bas » pour celles qui n’en ont pas mais qui sont néanmoins du ressort des hommes et du patriarcat.

Christian Delarue.
CA

Pour ne pas alourdir, qlq textes en lien :

1) ATTAC : Que faire du capitalisme ? : Alternative contre refondation. C Delarue

2) L’écosocialisme dont nous avons besoin.
La barbarie est systémique, l’alternative doit être systémique.

3) Crise systémique : Pour qu’une branche de l’altermondialisme déploie le drapeau du socialisme.

4) Penser à nouveau un « autre monde ».

5) Ecologie : la « vérité qui dérange » F Chesnais

6) Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ?
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354