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ALTERMONDIALISME : SOUVERAINETE et PEUPLE - Christian Delarue

vendredi 27 août 2021, par Amitié entre les peuples

ALTERMONDIALISME : SOUVERAINETE & PEUPLE

Il ne suffit pas de distinguer « souveraineté nationale » et « souveraineté populaire » (surtout dans une nation qui a mélangé les deux notions dans sa doxa constitutionnelle ) mais si on doit en user, alors prenons « souveraineté populaire » ou l’ambiguïté du mot peuple permet d’évoquer le peuple-classe.

Souveraineté populaire c’est certes mieux mais il n’empêche qu’un risque demeure car ce binôme est toujours très chargé du lien à l’Etat et à la Nation, moins que « souveraineté nationale » certes mais il est encore néanmoins lourd d’un communautarisme dangereux car les classes dominantes du 1% peuvent s’y inclure et récupérer ainsi la formule (pour une politique en leur faveur et contre celles et ceux d’en-bas) avec facilité - par exemple sous un verbe démocratique du type « corps politique » (ou tous les citoyens sont abstraitement égaux) tout comme d’ailleurs les forces ethno-nationalistes type RN qui peuvent manier le double langage.

Un-e altermondialiste devra donc veiller à ne pas forger incidemment une sorte de communautarisme national soudé autour de son 1% contre (ou non) un ennemi extérieur, et ce, fut-ce une Europe des capitalistes ou un monde globalisé de la finance (que pourtant il-elle combat) .

Alors comment faire ? La mobilisation du peuple doit s’exercer par des acteurs et actrices militantes contre le capitalisme transnational, mais en précisant tant dans le cadre national (mon précédant article montrait que la Constitution de 1958 était capitalo-sociale pas socialiste - 1) qu’européen et mondial. Si l’on doit évoquer la souveraineté populaire c’est bien par une adresse clairement à gauche en ce sens, par une mobilisation du peuple d’en-bas, des alliances construisant un peuple-classe d’émancipations multiples, aussi bien contre le 1% national, avec ses classes dominantes, son oligarchie, et ses dominations de classe que contre toutes les oligarchies qui dominent le monde, l’humanité-classe.

Quant à l’internationalisme que l’on oppose à la mondialisation de la finance, ou plus largement de l’économie capitaliste, il requiert pour aller vers l’émancipation sociale et démocratique (cf alterdémocratie) une ouverture avec les autres peuples-classe de l’Union européenne. Ce n’est pas un internationalisme des Etats, ni des nations, c’est à dire des peuples communautaires, lestés ou non d’une histoire aménagée (S Citron), ou le 1% est mélangé avec le peuple-classe pour continuer son classisme, sa politique austéritaire contre les classes populaires.

Une constituante pour changer de Constitution doit pour être efficace faire sauter le verrou d’un régime ou d’une République de nature capitalo-sociale, le capitalisme étant la force motrice et destructrice dominante et le social comme l’environnemental étant eux rustine ou-et sparadrap !

Christian Delarue.

1) La Constitution de 1958 pose une République sociale, pas socialiste.

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/230821/la-constitution-de-1958-pose-une-republique-sociale-pas-socialiste

La gauche, le peuple et la stratégie contre-hégémonique - Christian Delarue - CS ATTAC

https://blogs.attac.org/contre-hegemonie/democratisation/article/la-gauche-le-peuple-et-la-strategie-contre-hegemonique-christian-delarue

Addendum :
Pour Wolfgang Streeck, dans Zwischen Globalismus und Demokratie (Entre mondialisme et démocratie) la « prémisse » du livre est : « Il n’existe pas de politique intérieure anticapitaliste sans une politique extérieure qui lui soit adaptée, sans un système étatique qui lui convienne ; il n’existe pas de compréhension possible de la politique intérieure d’un État sans prise en compte de son intégration dans un système étatique international ; il n’existe pas de politique extérieure au sein d’un système politique sans prise en compte de la politique intérieure de ses États membres. » Romaric Godin (sur Médiapart) poursuit : « Autrement dit, politique intérieure, politique extérieure et système économique constituent une forme d’écosystème. Il est donc impossible de « diviser » les choix de politique intérieure du contexte international, qui est lui-même le produit du système économique ». Ce que je (CD) traduis à la suite de l’idée d’écosystème par « il y a besoin d’une politique de »repoussement" de l’emprise du capitalisme partout tant en interne (nation) qu’en externe (hors cadre national), le national n’étant évidemment pas hors logique du capitalisme . Il n’a pas attendu la globalisation ni même la financiarisation pour être dominant.