Accueil > Altermondialisme > Luttes des travailleurs et des syndicats > Mobilisation syndicale (des travailleurs salariés) > 29 janvier, une première réponse à Sarkozy et Parisot. C Delarue

29 janvier, une première réponse à Sarkozy et Parisot. C Delarue

vendredi 30 janvier 2009, par Amitié entre les peuples

29 janvier, une première réponse à Sarkozy et Parisot.

La fraction la plus engagée du peuple-classe (1) a donné hier sa première réponse à Sarkozy et Parisot .

Une réponse qui ne sort pas du néant par miracle. Les salariés ne se sont pas retrouvés dans la rue spontanément. Nombre de syndicalistes de base ont du se battre depuis plusieurs mois pour permettre une telle initiative intersyndicale.

rn10_2042431_2_px_470_

Yves Juin (à droite) et d’autres syndicalistes de l’appel « Assez de confusion, assez de division »

Sans l’accord des principaux grands syndicats cette journée interprofessionnelle n’aurait pas été possible. Mais sans la poussée des équipes intersyndicales de base (2) actives dans tous les secteurs professionnels tant du public que du privé cet accord au sommet n’aurait pas eu lieu.

Contre les fauteurs de crise.

Contre la « tempête » de Parisot. La tempête évoquée par la dirigeante du MEDEF n’est pas un événement naturel mais un fait social, un fait économique issu du l’action toxique du petit monde de la finance. Sans les politiques de libéralisation des marchés financiers ce travail de l’ombre n’aurait pas été possible. C’est pourquoi Sarkozy et Parisot représentent les symboles des fauteurs de crise. Ils soufflent les grands vents de la tempête et demandent ensuite l’union nationale derrière eux pour poursuivre la même politique. Quel toupet ! La « tempête » de Parisot est en fait une crise financière élargie, donc systémique et pour le dire en un mot capitaliste. Bref, votre crise qui fait tant de dégâts n’est pas la nôtre. Nous en sommes plus ou moins les victimes mais pas les acteurs. Ce nous dans sa diversité se nomme peuple-classe. Il veux – et il l’a dit haut et fort ce 29 janvier - des réponses qui lui sont favorables à commencer par les plus exploités et les plus exclus et sans déposséder les couches moyennes. Les riches doivent payer. Voilà le résumé du massage.

On a dit et on entend parfois que les revendications n’étaient pas précises, comme si les seules revendications professionnelles étaient légitimes, celles qui d’ordinaire sont pourtant stigmatisées sous le non de corporatisme. On dit encore qu’il s’agit d’une « grosse colère » et qu’il importe de dire d’emblée que le gouvernement l’a « entendu », comme pour contredire une certaine Parisot qui « ne comprenait pas la manifestation » (3). Entendre signifie pour nos dirigeants se souvenir de la concertation à mener et donc convoquer les syndicats mais cela ne signifie aucunement changer de politique. Continuer l’action est nécessaire et même vital pour ne pas décrédibiliser les syndicats qui jouent leur survie dans les semaines à venir.

Que signifie grève massive.

Certes il y avait bien ce 29 janvier les revendications principales du salariat contre la crise, celles qui heurtent d’emblée le plus frontalement les intérêts du patronat défendu par le MEDEF et Mme Parisot, défendu aussi par le gouvernement qui en appelait à « l’union nationale » pour encore travailler plus et gagner moins le tout dans un contexte de licenciements généralisés. Mais il a eu aussi le fait massif d’une très large composante du peuple-classe qui a fait grève et qui a manifesté ce 29 janvier. Sarkozy disait des grèves professionnelles qu’elles étaient invisibles. Les renvendications ne valent que si elles sont portées socialement et massivement. Le premier mérite d’une manifestation multiprofessionnelle public et privé est de montrer l’existence d’un vrai conflit, la réalité d’une réponse de classe, et d’une aspiration sociale forte à une autre politique dont le contenu est réel quoique variable. Une manifestation sans revendications n’existe pas. Une manifestation appelée et organisée par les syndicats n’est pas un rassemblement d’individus-masse subjugués pour soutenir un leader charismatique. Nécessairement la massivité d’une telle manifestation est signifiante : le peuple-classe, soit 95% des salariés syndiqués ou non et une bonne partie des travailleurs indépendants, ne veulent pas payer leur crise, celle de l’oligarchie financière, de la classe capitaliste qui impose l’austérité, de la bourgeoisie qui continue de s’enrichir quand le peuple-classe perd de son pouvoir d’achat y compris chez les couches moyennes salariées et non salariées.

Moins pour les actionnaires institutionnels et plus pour les salariés constitue le fond de la revendication du partage des richesses au-delà des chiffres syndicaux avancés. Mais, l’enjeu ne se limite pas à une autre répartition pour répondre à leur crise multiforme. La question du refus des licenciements, et d’une nouvelle RTT sans perte de salaire pour créer des emplois se repose comme il y a presque15 ans mais à l’échelle continentale. Se pose aussi la revendication de la l’appropriation publique des banques avec enclenchement d’un processus de démocratisation-socialisation.

En tout cas il parait léger de penser qu’il s’agit d’une simple colère, une grogne du peuple-classe français que l’on sait « indiscipliné et contestataire », ou plus largement d’une « angoisse sociale » comme dit Parisot pour faire oublier son incompréhension de la manifestation. Une angoisse mérite un traitement de réassurance mais pas un changement d’orientation. Il suffit donc pour la patronne des patrons comme pour Sarkozy d’afficher benoîtement une soudaine volonté de négocier pour néanmoins continuer comme avant.

En fait ce flot de contestation est profond. Il n’avait pas pu s’exprimer jusqu’à maintenant. Et l’avantage d’une journée interprofessionnelle de grève et de manifestation est de permettre cette expression dans sa pleine globalité. C’est le point essentiel à souligner. Certes, il importe de se préoccuper de la suite en disant notamment « mieux vaut cinq jours de grève à la suite que 10 journées éparpillées dans l’année »(4). Mais d’abord, il faut enfoncer un clou : contre l’échelonnement dans le temps des expressions des différentes professions il fallait montrer une similitude revendicative générale au-delà de la diversité des expressions syndicales et de pointer dans le flot montant de la contestation la perspective d’une alternative favorable au peuple-classe.


Pour un « autre bateau », une autre France…

Pour affronter leur tempête, il faut un autre bateau, une autre France, beaucoup plus égalitaire, plus riche en emplois stables et bien payés, avec plus de RTT, plus riche en service publics, et en démocratie... Car la France du néolibéralisme est définitivement en crise. Point d’union nationale possible derrière le MEDEF . Et ce n’est pas Sarkozy qui va changer de politique. Les syndicats vont lui demander en vain une autre politique. Il va s’arc-bouter sur la même politique quitte à céder sur de l’accessoire.

Le gouvernement Sarkozy doit donc démissionner. Mais il ne s’agit pas simplement de mettre à froid un autre gouvernement qui fera la même chose. Il faut un gouvernement au service du peuple-classe. Il agit sous mandat du peuple-classe pour son émancipation contre la domination du capital.

Pour ce faire, il faut donc ouvrir une phase de conflictualité sociale forte en février 2009 pour enclencher un changement significatif . Ce qui signifie que la question de la suite de la grève du 29 janvier se pose avec force. Il ne suffit pas de scander grève générale pour qu’elle surgisse.

Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que…

Donc dans plusieurs villes, comme à Rennes, des syndicalistes unitaires et de lutte ont débattus dans des assemblées des modalités de reconduction démocratique et collective de la grève. Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que (4) 10 journées éparpillées dans l’année. Voilà une idée qui fait son chemin. La base militante bouge. Elle sait bien qu’il faudra pousser pour gagner ! Par chance une large fraction des manifestants semble déterminée.

Christian Delarue

signataire de " Assez de confusion ! Assez de division ! " (des syndicalistes du 35 qui au-delà de leur appartenance syndicale et de leur différences ont eu souvent l’occasion de militer ensemble et ont décidé de le faire de façon plus systématique).

http://syndicalistes35.infos.st/

1. Peuple-classe voir site ATTAC France et site amitie-entre-les-peuples.org

2. Exemple : http://syndicalistes35.infos.st/

3. Parisot « ne comprend pas la manifestation » vidéo sur le web

4. Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que... C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article585

Portfolio