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1er mai 2017 : contre le racisme et l’extrême droite - R Le Mignot (MRAP)

mardi 2 mai 2017, par Amitié entre les peuples

1er mai 2017 : contre le racisme et l’extrême droite

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, 29 ans, profitait d’une journée ensoleillée. Il ne savait pas que des mains criminelles allaient le précipiter dans la Seine et mettre fin à ses jours. Les auteurs de ce crime venaient de quitter le défilé du Front national.

22 ans après l’assassinat de Brahim, Marine Le Pen est au second tour des élections présidentielles avec un score de plus de 21 % jamais atteint dans un tel scrutin. Elle est aux portes du pouvoir, la possibilité qu’elle soit élue au second tour n’étant pas à exclure.

Profitant du désarroi d’une partie de plus en plus grande de la population, en France comme dans l’ensemble de l’Europe, l’extrême droite a tenté de faire oublier l’inadéquation et la dangerosité de son « projet ». On a voulu nous faire croire que Marine ce n’est pas Jean Marie. Le désir de s’abstenir ou de voter blanc de certains prouve qu’elle a gagné son pari : Nous ne sommes plus en 2002, le FN a été banalisé et la vraie nature de ce parti n’apparaît plus aux yeux de beaucoup. Marine Le Pen n’en est que plus dangereuse. Alors nous le réaffirmons avec force le FN n’est pas un parti républicain mais un parti fasciste.

Nous savons par notre action quotidienne, les procès que nous engageons, que la nature profonde et réelle du FN n’a pas changé. Marine Le Pen a beau démissionner provisoirement de la présidence du FN, elle reste avec son père et sa nièce la responsable des idées nauséabondes de l’extrême droite française.
Preuve en est : elle est dans l’impossibilité de trouver un nouveau président qui n’a jamais été condamné pour haine, racisme, homophobie ou révisionnisme…

Nous le disons avec force : Marine Le Pen est un danger pour les libertés, la République et la Paix. N’oublions pas que l’extrême droite une fois au pouvoir cède rarement sa place par la voie démocratique.

Mais l’extrême droite n’est pas seule en cause. Les préjugés xénophobes et racistes continuent d’imprégner le discours politique français, bien au-delà des partis qui en ont fait leur honteux fonds de commerce.
Lorsque des responsables gouvernementaux vont jusqu’à tenir des propos stigmatisants qui ne peuvent être perçus que comme une justification d’un rejet par nature raciste, comment s’étonner de la banalisation du racisme et de la recrudescence des actes racistes qui en découlent au quotidien ?

Après les terribles attentats qui ont endeuillé notre pays, la reprise de l’ idée de déchéance, défendue de longue date par l’extrême-droite qui veut bannir le droit du sol, a créé et renforcé les préjugés xénophobes et les aveuglements identitaires.

Les discours de stigmatisation, de discrimination, ont fait tache d’huile, un vent mauvais souffle sur la France. On assiste à une montée sans précédent de toutes les formes de racisme et du rejet de l’Autre parce que différent. Les vieux démons réapparaissent : comme dans les années 30, l’étranger, le Juif, le Rom, le Musulman - ou supposé tel - ou encore le sans papier, sont les « boucs émissaires » auxquels est attribuée la responsabilité de tous les maux et de toutes les injustices de la société, qu’ils sont pourtant parmi les premiers à subir. Dans le même temps on assiste à une montée de l’homophobie et à une remise en cause réactionnaire des droits des femmes.

Quand les droits des migrants sont sans cesse remis en cause, au mépris des engagements internationaux de la France, quand le droit de vote pour les résidents non communautaires, pourtant promis par le candidat François Hollande a été « oublié »., quand en France, les expulsions d’étrangers n’ont jamais été aussi nombreuses, quand les contrôles au faciès perdurent, quand les Rroms sont violemment expulsés de bidonville en bidonville, quand des responsables gouvernementaux parlent « d’ennemis de l’intérieur », quand la persistance des discriminations minent le vivre ensemble, comment s’étonner de la banalisation du racisme ? 

Enfin, comment ne pas penser à cette Europe de la honte qui fait de la Méditerranée le cimetière de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, victimes de trafiquants sans scrupules mais aussi à cette Europe forteresse qui conduit à ces insoutenables tragédies des naufrages méditerranéens dont l’ampleur rejoint celle de l’Océan Indien. Ne sont-ils pas victimes de cet » empire de la honte » dont parlait Jean Ziegler ?
A côté de discours et de politiques inacceptables, ce sont aussi les inégalités sociales qui bafouent les valeurs de la République et créent un terreau favorable à la montée du rejet raciste de « l’autre ». Le désarroi social, le sentiment d’abandon de larges secteurs urbains et ruraux expliquent aussi le vote Front National même si nous savons que l’extrême droite n’a jamais et nulle part, été synonyme de progrès social et économique, bien au contraire.

La solution n’est pas dans de futurs matins bruns, mais dans une mobilisation de tous pour faire reculer les problèmes sociaux, générateurs de souffrances, d’inégalités, de concurrence et de ghettoïsation. L’histoire nous a appris que le discours social de l’extrême-droite n’est qu’un leurre le temps d’une conquête du pouvoir, elle se retourne toujours contre les couches populaires dès qu’elle a pris le pouvoir.

La situation est grave, elle nécessite une mobilisation de tous les citoyens et citoyennes de France et d’Europe pour une véritable égalité des droits, seul moyen de faire reculer les idéologies de haine et de rejet propagées par les extrêmes droites .Il y a urgence ! C’est à cette tâche que les antiracistes doivent s’atteler, et dans l’immédiat il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le score de Marine Le Pen soit le plus bas possible le 7 mai prochain. Pour cela il n’y a qu’une solution, utiliser le seul bulletin possible pour battre l’extrême droite même si cela ne signifie aucunement un soutien au candidat Macron.

Intervention de Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP à Paris le 1er mai 2017, Pont du Carrousel